Le monde enchanteur de Tom Van der Borght.

Il n’a pas le profil type de la bête à concours, et pourtant… À 42 ans, diplômé de la discrète mais vaillante école de Sint-Niklaas, en pays flamand, Tom Van der Borght a mis tout le monde d’accord lors de la dernière édition du festival européen des jeunes créateurs d’Hyères, dont le jury était présidé par Jonathan Anderson. Une proposition de mode non genrée – même si présentée sur des mannequins masculins –, haute en couleur et riche de mille détails. La démarche du créateur est, en soi, délicieusement atypique.

Ni marketing ni ambition d’intégrer un grand groupe, et encore moins celle de se conformer à un quelconque processus de saisonnalité. L’upcycling chevillé au corps, Tom Van der Borght n’a pas attendu les effets de mode pour le situer au centre de son travail avec matériaux chinés (serrecâbles et cordes d’alpinisme en tête) et mini-séries artisanales. D’ailleurs, dans son univers chatoyant et joyeusement régressif, le vêtement peut devenir objet (et vice versa), précéder un cartoon ou, au contraire, en être la matérialisation.

Un bel enchevêtrement pluridisciplinaire qui rend au terme “création” toutes ses dimensions. L’adjectif arty pointerait lui aussi son nez s’il n’était déjà si galvaudé. Les références, volontairement disparates, vont du pop à l’art totémique. Baptisée 7 Façons d’être T.VDB, sa collection autoportrait nous conduit dans un labyrinthe utopique d’où personne n’a réellement envie de sortir. Quant à savoir si Tom Van der Borght est l’héritier d’un style ou d’une école belge, il répond avec brio : “Bien sûr que je me sens belge, mais, à chaque fois qu’on me pose la question, j’invite la personne à venir nous voir de plus près. Quand on rentre dans l’arrière-cour de nos maisons, c’est parfaitement éclectique. Il y a autant de styles que d’individus.” Parole d’un sage pas vraiment sage.