Auteure de sublimes parures en verre de Murano pour la toute première collection Fendi couture signée Kim Jones, Delfina Delettrez Fendi rejoint le sérail familial par la grande porte.

CitizenK International : Même si vous aviez déjà auparavant travaillé avec Fendi, il y a eu, avec cette toute première collection couture, une “officialisation” de votre rôle créatif au sein de la maison. La quatrième génération est donc désormais en place !

Delfina Delettrez Fendi: J’avais en effet déjà collaboré avec Fendi sur différents projets dans le passé, dont deux collections de bijoux fantaisie avec Karl Lagerfeld et une montre de haute joaillerie. Kim Jones souhaitait que je rejoigne son équipe, il aime recréer un esprit de famille – quel que soit le nom de famille ! –, composé de personnes stimulantes avec lesquelles partager sa vision de la “femme Fendi”.

CKI : Que pensez-vous pouvoir apporter à la maison en termes de vision ? Votre travail pour Fendi et celui pour votre propre marque sont-ils vraiment différents ?

DDF : Je pense pouvoir être une voix pour les femmes de ma génération et surtout pour celles qui savent reconnaître la qualité, non seulement celle des objets mais surtout des idées. Je pense aussi que Kim Jones s’intéresse à ma romanité internationale ainsi qu’à mon ADN Fendi ! Dans la première collection de prêt-à-porter sur laquelle j’ai travaillé (la collection automne- hiver 2021/2022, Ndlr), j’ai interprété un nouveau logo en partant de celui iconique au double FF, car lorsque vous travaillez pour une maison qui a désormais presque cent ans d’histoire, il est inévitable de construire l’avenir en regardant ce que le passé vous suggère. Ce qui n’est absolument pas le cas pour ma propre marque !

CKI : Dans vos créations en verre de Murano pour la collection couture, on retrouve l’idée de parure, au sens de “se parer, se préparer, se faire beau”, au-delà du bijou ou même de l’accessoire.

DDF : Oui, malgré le moment que nous traversons, la couture doit être pensée et considérée comme un monde parallèle, onirique et fantasmagorique. Ces femmes devaient représenter des portraits cristallisés dans le temps. L’idée d’utiliser le verre de Murano est née du désir de créer des objets importants mais en même temps délicats pour représenter des femmes déterminées et sensibles tout à la fois.

CKI : On peut imaginer qu’avec votre mère ou d’autres membres de votre famille le processus créatif est “non verbalisé”, car vous vous connaissez émotionnellement et culturellement. Qu’en est-il avec Kim Jones ?

DDF : Non, au contraire ! En tant que véritable Italienne, j’utilise beaucoup les mots au cours du processus de création, même avec ma mère. Nous avons toujours partagé le goût de la narration et du storytelling. C’est pareil avec Kim, qui aime beaucoup les mots. Et ce n’est pas un hasard si l’inspiration pour cette collection couture est essentiellement littéraire et prend sa source dans sa magnifique collection d’éditions originales de Virginia Woolf.