Alors que les Jeux de la trente-troisième olympiade de l’ère moderne viennent d’éteindre leur flamme, retour sur un moment fort de la cérémonie de clôture : les silhouettes du couturier suisse Kevin Germanier.
Comme vous avez pu le voir au Stade de France pour les plus chanceux ou devant votre petit écran pour les 17,1 millions de téléspectateurs, le travail de la styliste Daphné Bürki et du metteur en scène Thomas Jolly nous a une fois de plus laissés bouche bée.
Ce que l’on retiendra de cette cérémonie de clôture, hormis les passages sur scène de Phoenix, Angèle, Yseult ou encore Tom Cruise, ce sont les costumes des plus de 110 danseurs lors de la performance « Records » dans laquelle Arthur Cadre a mené la danse avec une chorégraphie d’une singularité saisissante.
Ces costumes sont le résultat de la collaboration entre Thomas Jolly, Daphné Bürki et le jeune talent de la couture Kevin Germanier, qui nous avait déjà mis l’eau à la bouche avec ses créations portées par des artistes queer lors de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet dernier.
Le jeune créateur, diplômé de la réputée Central Saint Martins, ouvre en 2018 sa maison de couture éponyme, « Germanier ». Il se fait remarquer grâce à son style unique aux influences cabaret et à son approche d’une mode responsable et consciente, qui lui ont valu l’obtention du prix Andam (Association nationale pour le développement des arts de la mode) en 2018, la place de demi-finaliste du prix LVMH en 2019, mais également une place sur le calendrier exclusif de la Paris Fashion Week.
Son travail remarquable l’a mené à la création des costumes des centaines de danseurs présents sur la scène du Stade de France, liant upcycling « couture » et mouvance du corps. En effet, Germanier a une fois encore su faire passer son message pour aller vers une mode plus consciente en récupérant tout d’abord des rouleaux de tissus invendus sourcés dans toute la France, puis en liant sa créativité à la vision de Daphné Bürki et Thomas Jolly.
Le personnage qui se démarque le plus dans cette scénographie futuriste, qui ramène à la vie les Jeux olympiques, est le personnage couvert de dorure, « The Golden Voyager », qui danse sur cette scène très « spatiale ». Il naît d’une inspiration forte : le Golden Record (le disque d’or) envoyé dans l’espace, qui contient maintes informations sur la Terre et l’humanité. La silhouette singulière de cette créature évoque une représentation de la colonne vertébrale, symbole de mouvement, liant influences de science-fiction et valeurs de l’Olympe.
Ce costume a permis à Germanier de travailler sa mode d’un point de vue scénique, augmentant encore les cordes à son arc de couturier. En effet, il a fallu penser mouvement chic et futurisme « couture » avec les plus de 20 000 perles qui ornent ce costume, mais aussi avec les « astuces théâtrales » permettant au « Golden Voyager » de nous offrir un spectacle fort en souplesse et mouvance extraterrestre. L’idée était de partir de la matière, de travailler les échantillons afin de comprendre comment obtenir le résultat souhaité et de l’appliquer sur la silhouette. Ici, l’échantillon ayant gagné la médaille d’or est surnommé « la tatin de la couture » par Daphné Bürki en référence à ce célèbre dessert qui était à l’origine une tarte ratée et est devenu l’un des desserts préférés des Français. Comme quoi, parfois, les erreurs créatives nous offrent des résultats imprévus.
Mais n’oublions pas le pianiste suspendu Alain Roche, qui nous a donné autant de sueurs froides que de frissons par sa performance à 90°, perché à 10 mètres du sol, incarnant la devise olympique « Plus haut, plus fort ». Pour ce costume, la mode responsable de Germanier frappe encore avec une création unique agrémentée de plus de 200 cassettes VHS récupérées par la mère du couturier.
En somme, Daphné Bürki et Thomas Jolly ont vraiment misé sur le Made In France pour cette cérémonie de clôture de Paris 2024 en mettant en lumière la créativité du couturier suisse Kevin Germanier, qui a su lier couture et mouvement, valeurs olympiques et mode responsable.