Et une dent contre les Joséphine.
« Mais… T’as un frère, toi ?! » Voilà la phrase qui a fait basculer une soirée déjà bien perchée au Sacré, où Roman Frayssinet a fait salle comble jusqu’au 8 mars avant d’attaquer l’Olympia dès le le 26 novembre. Dans Ô Delà, deuxième volet de sa trilogie, l’humoriste nous invite à prendre du recul, observer la vie de loin et, surtout, en rire. Toujours barré, mais plus apaisé, il continue de jongler entre absurdité et profondeur avec une aisance désarmante.
Si Ô Dedans explorait son cheminement intérieur et son rapport aux addictions, Ô Delà l’emmène, et nous avec, vers un détachement presque mystique. Exit le personnage du mec qui s’est perdu sur scène, Roman Frayssinet est tantôt humoriste, tantôt philosophe. Une chose est sûre : il a un frère. Si si, c’est vrai. Et apparemment, c’est une information qui choque. Et il n’en faut pas moins qu’un spectateur qui s’en étonne à voix haute pour Roman – oui on se permet de l’appeler par son prénom tant il nous donne l’impression d’être entre amis – se lance dans une impro jubilatoire sur l’étrange fascination du public pour sa vie privée. Comme si son personnage scénique flottait en dehors du réel, sans passé ni famille. Alors que justement, sa famille est au cœur de ce spectacle.
Une déclaration d’amour à peine dissimulée
En toile de fond, ce spectacle est surtout une immense déclaration d’amour. À la vie, certes, mais surtout à sa famille. Il évoque notamment son frère (le fameux) qui vit en Allemagne et dont le fils s’énerve en Allemand. Un détail qui amuse Roman, le poussant à plaisanter sur l’importance de le complimenter sur ses dessins, histoire d’éviter qu’un simple excès de colère ne prenne une tournure… historique. Sur le fil, il joue avec les références, jonglant entre tendresse et humour grinçant.
Derrière chaque punchline se cache une véritable reconnaissance, une sincérité qui fait toute la différence. Il parle par exemple de sa mère avec une tendresse transperçante, la forme prenant le pas sur le fond, tant il lui doit son humour. Cet humour ubuesque et piquant à la fois, mais teinté de tendresse, à l’image de cette histoire de chaise achetée pour des raisons lubriques, qui contre toute attente suscite l’intérêt de sa grand-mère.
Un pouvoir insoupçonné : réveiller les souvenirs de chacun
L’une des forces de Roman Frayssinet, c’est cette capacité à débloquer chez son public des souvenirs enfouis, grâce à des anecdotes d’une précision chirurgicale. Il décrit des scènes si imagées, si absurdes et pourtant si réelles, que chacun finit par se retrouver dans ses histoires.
On a tous en tête une Joséphine un peu trop naïve, des souvenirs d’un oncle trop gourmand dans une pâtisserie tendancieuse du marais (on n’espère pas pour vous) ou le camarade de classe sur qui personne n’aurait misé un centime et qui, contre toute attente, a fini par réaliser ses rêves. Des digressions labyrinthiques qui nous font passer d’une réflexion existentielle à une anecdote improbable, sans qu’on comprenne vraiment comment on est arrivé là. Roman manie à la perfection ces petits détails de la vie quotidienne, ceux qu’on oublie mais qui, sous sa loupe, deviennent des morceaux de vérité universelle. Toujours habité par l’énergie d’un gamin sous Red Bull, il oscille entre introspection et grand n’importe quoi, livrant un spectacle aussi profond qu’hilarant. Après Ô Dedans, il nous emmène Ô Delà. Et on le suit sans hésiter.
9 nouvelles dates à l’Olympia du 17 au 31 décembre 2025
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