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AFTER HOURS

Par YANNICK NARDIN

Le designer Ora-Ïto métamorphose la montre Patrimony de Vacheron Constantin en talisman. Touchée par la baguette de ce magicien de la transformation, la Patrimony acquiert une dimension mystique. Son langage architectural, à la fois minimaliste et riche, réinvente ce modèle élégant et sobre. Vibrante d’or et de lumière, elle révèle son essence profonde d’objet intemporel. Entretien.

CitizenK Homme :
Comment est née cette collaboration avec Vacheron Constantin autour de Patrimony ? 

Ora-Ïto : Je suis moi-même passionné de montres et collectionneur. Vacheron Constantin incarne les valeurs de tradition et d’expertise de la haute horlogerie avec beaucoup d’élégance. Je ne pouvais rêver plus belle collaboration pour réaliser ma première montre. 

J’ai d’abord eu le plaisir de porter Patrimony pour la campagne “One of not Many”. Rapidement, l’envie de l’interpréter s’est imposée comme une évidence. Ses lignes expriment une telle simplicité qu’elle possède quasi un statut d’“archétype de montre”. De nombreux détails lui confèrent une discrétion raffinée. Par exemple, ses magnifiques aiguilles épousent le galbe du cadran – une subtilité que seuls les connaisseurs remarquent.

Il s’agissait de transformer et de sublimer Patrimony, sans toutefois la dénaturer. Au fil des propositions, le choix a fini par se porter sur le design le plus en phase avec la philosophie de la Maison, son histoire, ses savoir-faire ainsi qu’avec mon approche. Cette montre commune matérialise une réelle symbiose entre nos deux identités. Aujourd’hui, je suis très heureux de parler de ce projet resté longtemps secret et qui me tient énormément à cœur.

Vous avez revisité de nombreux designs avec une transversalité rare – du tram à l’hôtel, en passant par la voiture ! Quel défi représentait pour vous la montre ? Comment avez-vous abordé ses contraintes -fonctionnelles ?

Au-delà du défi, j’ai surtout souhaité appliquer ma vision à Patrimony – je travaille avec une sorte d’alphabet volumique et graphique qui peut s’exprimer à travers de multiples objets du quotidien. Ma marge de manœuvre se situait à l’échelle du cadran. Cet espace est plutôt petit, mais représente malgré tout la plus grande superficie visible. à travers une approche -architecturale, j’ai voulu créer un objet qui semble fait d’un seul tenant. Pour ce faire, j’ai joué avec la monochromie de l’or jaune. Utilisé pour le boîtier, il se poursuit vers l’intérieur, sur le cadran. Ces deux éléments sont ainsi unifiés. 

Par ailleurs, j’ai volontairement limité l’idée graphique à des cercles guillochés sur le cadran, pour évoquer le phénomène astronomique des “perles de Baily”. Malgré les dimensions relativement restreintes de la montre, ce choix minimaliste, associé à l’effet ton sur ton de l’or jaune, a permis de créer une forme avec beaucoup de force et de présence.

En quoi consistent ces “perles de Baily” ?

Cet effet est visible dans les secondes qui précèdent ou suivent le maximum d’une éclipse solaire – lorsque la Lune se superpose au Soleil. Quelques rayons passent à travers des vallées ou des cratères lunaires. En tant que passionné d’astronomie, ce phénomène sublime m’impressionne beaucoup.

Pourquoi avoir choisi de le reproduire sur le cadran de Patrimony ?

Il était primordial pour moi de proposer un design qui véhicule une réelle signification. Le symbole du Soleil est très fort pour la maison Vacheron Constantin, dont l’histoire et les savoir-faire sont étroitement liés à la mesure du temps et à l’astronomie.

De plus, j’avais à cœur de mettre en valeur le savoir-faire du guillochage chez Vacheron Constantin, qui dispose au sein de sa manufacture d’un des meilleurs guillocheurs au monde. J’ai eu la chance de collaborer avec cette personne exceptionnelle. Ce procédé artisanal, emblématique de la tradition horlogère, permet de reproduire de façon très fidèle le phénomène des perles de Baily. Le choix d’un cadran doré fait particulièrement bien référence au phénomène. D’un point de vue graphique, le guillochage circulaire du cadran est plutôt minimaliste. Pourtant, il exige une 

 *Cet article est issu de notre numéro d’Hiver 2024-2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*