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BOLLYWOOD STORY

Par SITARA MULCHANDANI

Aditi Rao Hydari est plus vraie que nature. Outsider ne craignant pas d’interroger le statu quo, elle s’implique dans son art et réécrit les règles de ce que signifie être une star de Bollywood. Avec CitizenK, elle parle d’amour éternel, de lumière et de magie.

Ne sous-estimez pas Aditi Rao Hydari. Ne vous fiez pas à son air délicat et à ses yeux de biche. Sous son allure douce se cache une femme brillante et éloquente, consciente de sa propre valeur et qui ne craint pas de le montrer. 

Bollywood et son public sont tombés amoureux d’Aditi il y a quinze ans, alors qu’elle jouait un second rôle dans Delhi 6 (2009), de Rakeysh Omprakash Mehra. Mais c’est sa prestation en Lalitha, dans London Paris New York (2012), qui marque un tournant dans sa carrière. Un personnage clé dans un long-métrage au budget relativement modeste dont elle est la star incontestée. Depuis, elle n’a cessé de gagner en popularité et, à ce jour, elle compte plus de trente films et rôles à son actif – preuves de sa polyvalence et de sa détermination d’actrice.

D’ailleurs, quelques jours avant notre entretien, elle a remporté le prix du public de la meilleure actrice aux Bollywood Hungama OTT India Fest et India Entertainment Awards. Elle a ainsi été primée pour son interprétation de Bibbojaan, une Tawaif (courtisane indienne) impitoyable et fougueuse, dans la série Heeramandi : les diamants de la cour (2024), de Sanjay Leela Bhansali. “C’est sans doute le destin, dit-elle pudiquement. Lorsque je suis arrivée à Bombay en 2010-2011, j’ai entendu dire que Sanjay Leela Bhansali envisageait de tourner Heeramandi (en film). Je me suis tout de suite dit que j’aimerais en être. Mais, après avoir eu vent du casting et des acteurs pressentis, j’ai déchanté. J’ai pensé : ‘Je ne suis qu’une débutante. Il ne sait même pas que j’existe.’ Et j’ai mis ce projet de côté. Mais il m’est resté dans un coin de la tête.” Quelques années plus tard, le vœu d’Aditi semble avoir été exaucé. 

Des “présentoirs” à animaux

Deux ans plus tard, Lubetkin se voit confier la piscine des pingouins. Là encore, il se refuse à reproduire artificiellement l’environnement naturel des animaux et vise à transformer les enclos traditionnels en “présentoirs” animaliers. Les manchots vont ainsi hériter des dernières expérimentations formelles et fonctionnelles du style international. Ces deux spirales séparées et imbriquées en béton armé qui sont en porte-à-faux représentent une prouesse pour l’ingénieur Ove Arup. Cette interprétation libre et abstraite de l’Antarctique va ravir des générations de petits visiteurs, dont les jeunes princesses royales Elizabeth et Margaret. Le projet outrageusement photogénique vaudra une reconnaissance mondiale à l’architecte. Socialiste et militant, Lubetkin construit en nombre des logements pour la classe ouvrière – mais aussi des immeubles et villas de luxe – sans jamais délaisser la condition animale. Les -commandes viendront du zoo de Whipsnade ou de Dudley, un jardin zoologique entier de 3 000 animaux dans les environs de Birmingham. La pièce maîtresse est le ravin des ours polaires avec le sublime poste d’observation en porte-à-faux au-dessous la fosse.

Première apparition

Entre l’Inde des années 1940, dans toute sa splendeur d’avant la partition, les bijoux éblouissants et le faste des costumes, Heeramandi réunit tous les ingrédients des grandes séries dramatiques historiques. Cependant, dans cette débauche de glamour, c’est l’inoubliable première apparition d’Aditi qui a marqué les esprits : une cour intérieure, des arches en pierre spectaculaires et des lustres scintillants sur fond de coucher de soleil envoûtant avec, au centre, Bibbojaan se déhanchant en exécutant une mujra (la danse traditionnelle des courtisanes), sa longue tresse se balançant en rythme et dévoilant les plis de son dos – féminine, redoutable et fabuleuse. 

Son allure a fait d’elle une icône culturelle, mais ce n’était ni volontaire ni même prémédité. Ce fut, en réalité, le fruit du hasard. “Je dois dire que tout le mérite en revient à Sanjay”, précise -humblement Aditi. Elle explique que Bhansali a toujours eu une vision claire de l’apparence des Tawaifs, demandant même à son actrice de prendre du poids pour ce rôle. Et, bien qu’elle ait tenté de le rassurer sur son apparence à l’écran, c’est finalement le destin qui a frappé. À la suite d’un vilain épisode de Covid-19, puis d’une pneumonie, Aditi, ayant perdu encore davantage de poids, rentre chez elle pour se remettre sur pied. “J’étais devenue très maigre, presque décharnée. Ma mère était vraiment inquiète, alors elle n’arrêtait pas de me donner à manger”, se souvient Aditi. À son retour sur le plateau, avec quelques kilos supplémentaires, Bhansali l’encourage à continuer à prendre du poids. “Je lui ai demandé de me laisser quelques jours pour en perdre, mais il m’a simplement répondu : ‘Non, c’est magnifique.’ Et je me suis laissée convaincre. Aujourd’hui, je tiens à le remercier, car cela a changé ma façon d’appréhender bien des choses : l’acceptation du corps, la beauté et la grâce. Même si je le savais et le ressentais en théorie, je l’ai alors vécu.”

 *Cet article est issu de notre numéro d’Hiver 2024-2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*