La photographe Yolanda del Amo s’est aventurée aux confins d’une terra incognita : le couple.
On ne peut décemment reprocher à ces couples d’être trop démonstratifs. Cette série intitulée Archipelago aurait pu tout aussi bien se nommer “Seul à deux”. Yolanda del Amo a choisi cette métaphore pour ce projet qu’elle considère comme une collection d’ “îles”, séparées par la solitude de chacune et liées par le lien intime d’appartenance au même monde. Le travail de cette artiste d’origine espagnole basée à New York examine les individus à travers une lentille sociologique et psychologique, explorant comment nous vivons, façonnons le monde qui nous entoure, puis nous connectons avec nous-mêmes et les autres. Ses travaux ont déjà été exposés à La Havane, New York, Syracuse ou encore à la National Portrait Gallery de Londres. Ex-résidente de la Terra Foundation for American Art à Giverny, de l’Académie espagnole à Rome ou de la Cité internationale des arts à Paris, elle a reçu de nombreux prix, notamment sous l’égide de la National Portrait Gallery de Washington DC. Yolanda del Amo est actuellement professeure de photographie et de médias numériques au Ramapo College du New Jersey.
Pour la série Archipelago, elle s’est inspirée de la vie réelle en prenant pour modèles des amis ou sa famille et en utilisant leur environnement comme des “décors” parfois aussi figés dans le temps que les protagonistes. Shootant en grand format et à l’argentique dans divers pays (Espagne, Allemagne, France, Argentine, USA, Cuba…), l’artiste avance davantage une dimension psychologique qu’un lien géographique pour rapprocher ses sujets. Elle confesse ajouter une dimension théâtrale à travers son approche de la mise en scène de ces duos fatalement statufiés. Les tableaux qui en résultent sont donc une fusion de fiction et de réalité. Les regards de ces couples dans des directions opposées tracent magiquement les lignes de fuite des clichés. “Ainsi, dans chacune de ces images, les personnes sont comme des îles elles-mêmes parce qu’il y a une distance entre elles.” Yolanda illumine cette tension vieille comme le monde : “La contradiction et la complexité entre le désir humain de proximité et le besoin d’individualité”.