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“Intimacy : New Queer Art from Berlin and Beyond”

LE CŒUR EN VITRINE

Par MAROUSSA DUBREUIL

Du premier rendez-vous à la rupture, l’amour s’expose au musée.

MUSÉE DE LA VIE ROMANTIQUE Paris

Ancienne propriété du peintre d’origine hollandaise Ary Scheffer, ce pavillon à l’italienne et ses deux ateliers furent au début du XIXe siècle un foyer d’inspiration romantique où se croisèrent celles et ceux qui inscrivaient leurs amours au cœur de leurs créations… Delacroix, Rossini, la chanteuse d’opéra Pauline Viardot ou encore George Sand qui passait en voisine avec son amant Frédéric Chopin. Située au pied de la butte Montmartre, dans le quartier de la nouvelle Athènes qui doit une partie de sa réputation aux Lorettes (de jolies jeunes femmes entretenues, du nom de l’église Notre-Dame-de-Lorette), cette enclave champêtre où courent treilles et glycines sera le décor idéal de vos futurs rendez-vous galants.

MUSEUM OF LOVE Los Angeles

Vérifiez la solidité de votre couple en visitant cet espace créé en 2019 par Amy Sweetman, professeure de psychologie, de neurosciences et de psychologie de la sexualité. Son CV à rallonge dénote avec le bric-à-brac de la scénographie qui tient plus de l’escape game tendance Les Z’amours que du LACMA. Évaluez donc la connaissance que vous avez de votre partenaire à l’aide des affichettes conçues par la fondatrice : lors d’un naufrage, vous sauvera-t-il ? Quelle est la maison de ses rêves ? Ketchup ou moutarde, quelle sauce préfère-t-il ? Plus étrange… lequel de vous deux poignardera l’autre ? Bon à savoir : l’exposition “Crime passionnel” prévoit de vous menotter main dans la main. Polyamoureux acceptés.

SCHWULES MUSEUM Berlin

Accueilli par le buste du médecin Magnus Hirschfeld (1868- 1935), un des pères fondateurs des mouvements de libération homosexuelle, parcourez 200 ans d’histoire gay et flirtez avec les amours queers de Marlene Dietrich, Oscar Wilde ou Rainer Werner Fassbinder. Cet été, l’événement “Lonely Hearts” a rassemblé une collection de plus de 800 petites annonces LGBT dont certaines, publiées dans la revue française Lesbia (1982-2012), appellent à la sérénité. “Congédiées d’office : bi ou F avec enfant, conformistes, velléitaires ou névrosées, opportunistes, arrivistes. Le confort moral m’importe beaucoup” ou “Tendre JF, libre seulement la journée, sans problèmes financiers ou moraux, peut recevoir dans intérieur confortable. Souhaite rencontrer JF 20/45 ans, même profil.

CONDOM MUSEUM Bangkok

Alors que la Thaïlande compte parmi les plus grands exportateurs de préservatifs au monde, ce musée situé au sein du ministère de la santé publique veille à démontrer la fiabilité de la production locale. Appréciez la robustesse des modèles soumis à des tests qualité impitoyables (les préservatifs doivent contenir jusqu’à 300 ml d’eau soit 60 fois plus qu’une semence type) et lisez bien les recommandations : toujours choisir un emballage carré (les rectangulaires risquent de déformer le préservatif) et opaque pour éviter une dégradation par la lumière. La France s’est aussi offert son musée du préservatif, en 1995, à Condom, une commune du Gers traversée par la bien nommée rivière Baïse. Fin des ébats, dix ans plus tard.

MUSEUM OF BROKEN RELATIONSHIPS Zagreb et Los Angeles

En 2006, deux amants croates se quittent sur la célèbre chanson de Charles Trenet, “Que reste-t-il de nos amours ?”. Pour faire le deuil de leur relation, Olinka Vištica et Dražen Grubišić imaginent un lieu où les coeurs brisés pourront venir se délester d’un objet à haute valeur sentimentale : un rouleau de film non développé, une grille de mots croisés à moitié terminée, des billets pour les JO de Mexico de 1968, un peigne rouge, une robe de mariée dans un bocal. Une hache aussi. La collection présente près de 2 800 stigmates accompagnés de textes plus ou moins moroses : “Il l’a laissé là pour moi/Ce coureur sur route branlant/Il s’était acheté un nouveau vélo/Et il n’y avait pas de place dans sa ‘nouvelle vie’ pour l’ancien”, écrit une Belge de 63 ans dont le vélo vintage fait désormais cavalier seul.