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TURKISH DELIGHT - GREG LOTUS

TURKISH DELIGHT

Par LAURA PERTUY

Avec dans le regard une grande malice, l’acteur de 32 ans jouit déjà d’une énorme reconnaissance en Turquie, dont il est originaire. Chef cuisinier énigmatique dans la tumultueuse romcom Merci, et au suivant ! — dont la saison 2 bat des records sur Netflix —, Boran Kuzum déploie un jeu plein de mélancolie dans le remarquable The House With No Address, dystopie qu’il coproduit et qui le révèle comme un artiste complet. Pour CitizenK, avec la complicité de TAG Heuer, il se prête avec sagacité au jeu d’équilibriste de la photo de mode.

CitizenK Homme : Le public français vous découvre actuellement dans une série populaire, où l’héroïne navigue dans une vie sentimentale chahutée, mais aussi dans un film de science-fiction qui critique les dérives de nos sociétés. Sacré grand écart !

Boran Kuzum : Lorsque j’ai décidé de me lancer dans ce métier, la seule chose qui m’importait vraiment était d’affirmer une singularité. Aujourd’hui, après dix ans de carrière, je considère toujours qu’il me faut proposer quelque chose de nouveau et frais. Quand j’ai découvert le scénario de The House With No Address de Hatice Aşkın, je me suis dit qu’il ne ressemblait à aucun autre. Il critique le côté moralisateur de tout type d’organisation gouvernementale. L’art est un vecteur d’expression très puissant, empreint d’une pensée politique, qui permet de faire entrevoir aux autres des idées différentes des leurs ; c’est en ça que le scénario m’a particulièrement marqué.

Votre personnage, Alper, s’apprête à devenir procureur et à soutenir un système répressif, mais il prend progressivement conscience de la société extrêmement contrôlée dans laquelle il vit. The House With No Address est présenté comme une dystopie mais dénonce de nombreux aspects de nos sociétés actuelles. Comment avez-vous abordé ce rôle ?

J’identifie deux aspects déterminants. D’une part, j’ai connu la célébrité relativement jeune, ce qui a développé chez moi le sentiment d’être ultra protégé, et de fait une certaine claustrophobie. Au début de ma carrière, j’ignorais encore qui j’étais alors que tout le monde avait une opinion sur le sujet, notamment du fait de l’avènement des réseaux sociaux. Il faut dire que lorsqu’on ne peut pas tenir la main de son amoureux ou amoureuse dans la rue, quand la censure sévit, les films et séries permettent au public de vivre une vie à laquelle il n’a pas accès. J’ai donc grandi avec un masque que je portais en public pour me protéger. Je n’ai jamais eu pour but d’être célèbre ; j’ai étudié le théâtre pour devenir un bon acteur et serais d’ailleurs très heureux de jouer sur scène tous les soirs pour une centaine de personnes. Mais le sort en a décidé autrement. D’autre part, j’ai perdu mon père juste avant le tournage de The House With No Address, aussi était-il “facile” de m’identifier au personnage [qui perd sa mère au tout début du film, ndlr], car j’avais besoin de faire mon deuil sans infliger un poids trop lourd à ma mère, étant enfant unique [ce qui est également le cas du héros du film, ndlr].

Founder & creative director : Kappauf
Artistic director and fashion editor : Laurent Dombrowicz
Photographer : Greg Lotus
Vidéo director : Rakesh Karera
Model / Actor : Boran Kuzum
Production House : Wild Camel Film
Production manager : Rudy Bahri
Makeup artist : Moona Sultan
Hairstylist : Rafael Llaneza
Digital operator : Mark Offemaria
Lighting assistant : Recky & Macky
Production assistant : Moe

*Cet article est issu de notre numéro d’été 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*