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Le groupe de K-pop Stray Kids s'associe de nouveau à Tommy Hilfiger pour une deuxième campagne qui célèbre l'ADN rouge, blanc et bleu de la marque.

EN BANDE ORGANISÉE, PARFAITEMENT CANALISÉE

Par CAMILLE LAURENS

On les disait has been. Ils avaient déserté nos ondes et avaient été effacés de nos écrans. Mais tel le phénix qui renaît de ses cendres, les groupes, alias les boys et girls bands, font un come-back fracassant dans un monde en mal de camaraderie.  

Désuet le mythe de l’artiste esseulé ? Out le cliché de la popstar isolée dans sa tour d’ivoire ? Affirmatif. Aujourd’hui, c’est le grand retour du groupe, et jamais le sempiternel dicton “l’union fait la force” n’a trouvé un écho aussi retentissant qu’en 2024. Car si, sans surprise, le tsunami Covid a rabattu les cartes du monde, c’est bien celles de l’art et de la création qui ont plus que jamais été redistribuées. Assiste-t-on au retour du pouvoir du collectif ? Et si oui, le #teamcore est-il la nouvelle tendance à suivre ? 

“Chicks before dicks, Bros before hoes”

Des hurlements stridents perçant la foule compacte de fashionistas devant les barrières des défilés, des fans à deux doigts de l’évanouissement, nul doute que Lisa ou Kim Jennie des Blackpink, ou J-Hope des BTS, vient de faire son apparition sur le red carpet. Si les groupes de K-pop ont toujours eu une fanbase solide, le nombre de leurs disciples explose aujourd’hui et la popularité de ces boys/girls bands peut faire pâlir de jalousie toutes les Swifties et Beyhives réunies (ou presque). Dans ces groupes composés de quatre à sept membres, l’énergie et la puissance des shows reposent surtout sur leur complémentarité et l’impact visuel de leur style, de leur identité, de leur vibe : un show spectaculaire pour une hydre à multiples têtes. Plus que jamais, les groupes ont le vent en poupe.

À l’instar des S Club 7, Spice Girls, Destiny’s Child, Mean Girls d’antan, le public aime s’attacher à plusieurs personnalités, chacun ayant sa préférence, sans oublier l’effet de groupe qui impacte directement notre psyché : “Lorsque j’écoutais les Spice Girls avec mes copines, on avait toutes notre favorite, et on avait l’impression d’avoir un lien privilégié avec elle. Comme si chacune de nous s’identifiait et se projetait, et puis lors des concerts, on rêvait toutes d’avoir leur style, leur présence, et le groupe de copines qui va avec. Encore aujourd’hui, ce girls band a participé à mon féminisme et à mon besoin de sororité. C’est pour ça que je continue d’écouter les Måneskin ou EXO”, nous confie Julie, 31 ans, graphiste et fan des nineties. 

Le monde d’après Covid, entre nostalgie et communauté

L’imaginaire des “groupes” va de pair avec l’esthétique vintage des années 1990-2000, ultra bankable depuis quelque temps. Rien d’étonnant d’ailleurs que ce soit le grand retour du télé-crochet Popstars – courant 2024 sur Prime Vidéo – qui avait notamment fait exploser le phénomène L5 avec un jury remasterisé comptant Eddy de Pretto, Louane et Alonzo avec comme seule règle : “duo, trio, quatuor… unisexe ou mixte… aucun objectif préconçu de nombre ou de genre”.

Pour Patrick Thevenin, journaliste musical aux Inrocks, “le retour du communautaire est surtout symbole de simplicité. Fini les artistes désincarnés, les productions ultra-complexes, le public veut de l’amour, de l’amitié, de l’authentique, et les groupes cristallisent toutes ces qualités. D’ailleurs les artistes eux-mêmes poussent au retour du studio qui avait été laissé à l’abandon avec l’explosion du digital. Le sentiment commun c’est un besoin de rencontres, de discussions : bref de la convivialité.”  Autre exemple probant, si la série pourtant attendue par tous les fans de Sam Levinson comme la messe, j’ai nommé The Idol, a été un tel échec, ne serait-ce pas aussi car le personnage de Jocelyn, sosie non officiel de Britney Spears interprété par Lily-Rose Depp, ne fascine plus ? Pire encore, il nous angoisse et nous renvoie à nos propres peurs : être seul et abusé. Aussi, préfère-t-on parfois aux artistes torturés une bande d’ami(e)s feel good ambiance Bande Organisée qui a littéralement retourné nos tympans et nos radios avec le collectif 13’Organisé ou encore la clique du Studio Bagel et ses multiples humoristes. 

Oui car après avoir passé des mois enfermés dans nos appartements avec comme seule fenêtre sur le monde nos écrans, le monde post-covid semble faire valoir l’union, la rencontre, la cohésion, le partage comme mantra de son quotidien. Car le Covid a été un électrochoc pour toute la société et l’individualisme – autrefois omniprésent – ne séduit peut-être plus autant. Et l’explosion des collectifs artistiques à l’image de la troupe de danse menée par le charismatique Léo Walk in Paris et La Marche Bleue, ou encore la Horde, qui a pris la direction du ballet national de Marseille font écho à la force du groupe comme un idéal. Tous les pans de la création, de la musique à la danse en passant par nous-mêmes, avons plus que jamais l’envie d’être ensemble et de partager, nul doute que l’on risque de voir exploser de nouvelles Pussycat Dolls dans les années à venir …