On l’a découverte il y a dix ans sur YouTube, avant de la voir co-présenter la météo du Grand Journal sur Canal+, puis chroniquer sur France Inter et Quotidien. Aujourd’hui, Alison Wheeler s’apprête à remplir l’Olympia avec La Promesse d’un Soir, un spectacle où elle parle de coquillettes, de chirurgie esthétique et d’authenticité avec une lucidité décapante. Rencontre avec une humoriste notée 5 étoiles sur Wikifeet – on vous expliquera.
Citizen K: Tu te décris comme une “enfant de la télé”. Qu’est-ce que tu regardais petite ?
Alison Wheeler: J’ai passé des heures et des heures à regarder des cassettes des Inconnus, des Nuls, d’Eric et Ramzy, tout ce qui existait en parodie télé. Ça a peut-être amoindri mes capacités cognitives (rires), mais j’adorais ça. Ma mère, qui était prof d’anglais, m’avait filé son magnétophone et je faisais des radios libres, des pièces de théâtre que je réécoutais. J’échangeais avec moi-même. Heureusement qu’Instagram n’existait pas à l’époque, l’empreinte numérique n’aurait pas été la même.
Citizen K: Et puis tu es passée de l’autre côté de l’écran, du Studio Bagel à Quotidien…
Alison Wheeler: Oui, mais au début, j’étais un peu terrifiée humainement et professionnellement. À la télé, t’es dans une case : la jolie fille qui fait des vannes inattendues parce que, quelque part, elle est jolie. C’était dur, surtout avec l’arrivée des commentaires sur Internet. La radio a été une vraie libération entre les deux. Plus besoin de passer par le maquillage, le stylisme… Quand ton corps a des fluctuations, à la télé, ce n’est pas évident. C’est un miroir permanent.
Citizen K: En parlant d’image, ton spectacle aborde la chirurgie esthétique…
Alison Wheeler: Avant, quand je voyais des personnes refaites, je croyais qu’elles me disaient indirectement : “Tu devrais faire pareil, t’as pas honte de sortir avec ton vrai nez ?” Maintenant j’ai compris que c’est juste de la politesse, des gens qui veulent bien faire. Ce n’est pas forcément que du narcissisme. Des fois, je me dis : “Franchement, tu me donnes envie.” Je ne veux pas faire de généralités, je vois vraiment des cas isolés partout.
Citizen K: Tu es très suivie sur les réseaux. Comment gères-tu ta présence en ligne ?
Alison Wheeler: Il y a un petit malin qui aime bien changer ma taille sur Wikipédia, il dit que je fais 1m12. Le summum, c’est ma découverte de Wikifeet, un site collaboratif dédié aux pieds des célébrités. J’ai une très bonne note, et ça n’était pas couru d’avance (rires). J’espère juste que les contributeurs n’ont pas de bureau et qu’ils n’en parlent pas. Il y a aussi cette photo sur Wikipédia que je déteste, prise lors d’un festival où mon mal-être est palpable. J’ai demandé gentiment au photographe de l’enlever. Ce à quoi il m’a répondu: “J’ai pas envie.”
Citizen K: Ta mère est devenue un personnage de ton spectacle…
Alison Wheeler: Un soir, après une représentation, elle m’a dit : “J’ai pas tout compris”, parce que quand ça va vite, comme ce n’est pas sa langue maternelle, elle n’arrive pas à tout capter. Donc elle est venue plusieurs fois pour avoir le truc en entier. Mais de toute façon, elle a beaucoup d’autodérision. En ce moment, son grand truc c’est de vider les placards de ma chambre chez elle. Elle m’envoie des photos de fringues des années 2000 : “Combien je peux obtenir sur Vinted pour ça ?” Des trucs hyper sexy que j’ai certainement portés pour aller danser sur du Sean Paul dans un pub obscur.
Citizen K: Tu as un vrai coffre ! En t’entendant chanter dans le spectacle, je me demandais si tu avais des ambitions musicales…
Alison Wheeler: J’aurais adoré faire la Star Academy ! Je suis une vraie fan, je connais tous les codes par cœur. Mon rêve ultime serait de louer le château de Dammarie-les-Lys une semaine avec mes potes, faire un team building version Star Ac’ avec les vrais profs. Mais attention, je ne veux pas de “maxi bienveillance”. Je veux qu’on me rentre dans le lard, qu’on me dise : “Arrête de faire des vibes partout, c’est ringard, Alison !” Plus sérieusement, j’aimerais peut-être faire une comédie musicale un jour. C’est un format qui combine beaucoup de choses que j’aime.
À la fin de notre rencontre, elle s’inquiète : “T’es pas déçue ?” Cette envie de plaire, de ne pas décevoir, elle en a conscience. Mais c’est aussi ce qui la rend touchante. Alison Wheeler n’est définitivement pas là où on l’attend. Avec La Promesse d’un Soir, elle s’est créé son propre espace scénique, un savant mélange de stand-up ciselé, de pastilles vidéo rappelant ses heures au Studio Bagel et de performances musicales inattendues – notamment une ode savoureuse aux coquillettes au beurre. Un endroit où l’on peut être à la fois la petite fille sage qui veut plaire à tout le monde et l’humoriste qui démonte les diktats de la beauté (et l’entrejambe de Dominique Pelicot).
La Promesse d’un Soir, en tournée dans toute la France ainsi qu’en Belgique jusqu’au 17 mai 2025 et du 7 au 11 janvier 2025 à l’Olympia, Paris 9e.