New York, après la nuit.
Au mitan des années 1970, la métropole américaine devient un carrefour obscène et glamour où se rencontrent artistes underground, rock stars et icônes de la mode. Le photographe Dustin Pittman en est un des grands témoins.
Ce n’est pas une histoire pour les enfants. Et pourtant les aventures de Dustin “Pop” Pittman commencent à Alphabet City, un quartier new-yorkais dont les avenues sont désignées par les quatre premières lettres de l’abécédaire. C’est dans un appartement miteux de la D que Dustin Pittman, originaire des monts Adirondacks, atterrit à la fin des sixties. “Quand je suis arrivé à NYC, j’étais seulement un bambin, comme disait Danny Field, le manager des Stooges et des Ramones.” Photographe précoce (il manie son premier appareil à six ans), Dustin Pittman a connu Greenwich Village (où il vient visiter son grand frère alors qu’il n’est qu’un lycéen) à l’heure de la Beat Generation et de la folk, avant d’assister à la décadence glamour des seventies. Le jeune photographe, du haut de ses 1,85 m, devient alors l’un des principaux témoins de la décennie et immortalise tout autant Woodstock (1969) que l’assassinat de John Lennon (le 8 décembre 1981, il abandonne Diana Vreeland et le Met Gala pour se rendre, muni de son appareil, sur les lieux du crime), en passant par Warhol à la Factory, le Velvet au Max’s Kansas City ou l’entrejambe d’Iggy Pop…
Quand la vie te donne des citrons…
1969. Dustin Pittman vivote dans un trois pièces sordide. “J’avais des toilettes à chaîne, pas de douche et une baignoire dans la cuisine qui me servait de table. Toutes charges comprises, je payais 12,50 dollars par mois.” À l’aube des années 1970, New York périclite économiquement et socialement. La ville est un cloaque, les rues sont sales et dangereuses et les peep-shows constellent Time Square… mais Dustin Pittman résume l’époque à un mantra : “You have to make lemonade with lemon” (Quand la vie te donne des citrons, fais de la limonade). Au lendemain du Summer of Love, qui revient comme un refrain dans la bouche de Pittman, une nouvelle génération intrépide, engagée et bercée par Janis Joplin et Bob Dylan (“Vous feriez mieux de nager ou vous coulerez comme des pierres”), se déverse dans New York, capitale de toutes les libertés.
*Cet article est issu de notre numéro d’Hiver 2024-2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*