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PIERRE NINEY dans MENTEUR MENTOR - Photo NIKLAS HAZE

MENTEUR MENTOR

Par LAURA PERTUY

À peine détaché du rôle du comte de Monte-Cristo – qui lui a offert son plus grand succès en salles à ce jour –, le voilà abordant un nouveau personnage tortueux, à l’aura dangereusement magnétique, dans Gourou de Yann Gozlan. Une partition vertigineuse qui regarde avec aplomb les systèmes de domination et d’emprise qui enserrent nos sociétés, avec comme parabole possible une réflexion sur le métier d’acteur. Pierre Niney, sans fard pour CitizenK.

CitizenK Homme : C’est vous qui avez suggéré l’idée d’une histoire centrée sur un gourou à Yann Gozlan, réalisateur avec qui vous travaillez pour la troisième fois, après Un homme idéal (2015) et Boîte noire (2021). Quels motifs vous interrogeaient dans cette figure qui a traversé les âges ?

Pierre Niney : Je suis fasciné depuis des années par ces figures d’orateurs à la parole quasi magique mais aussi vénéneuse. La puissance des mots sur l’esprit et plus particulièrement sur les foules est un grand sujet de la trajectoire humaine. C’est la mode du développement personnel boostée par les réseaux sociaux qui m’a inspiré cette idée, même si l’ambition n’était évidemment pas de condamner tous les coachs de vie, mais davantage de décrire les ambiguïtés et les dérives possibles de ces “gourous” modernes.

En quoi cette thématique vous semble-t-elle résonner avec le cinéma de Yann Gozlan ?

Yann est un immense cinéphile, un bosseur humble et un réalisateur extrêmement inspiré, notamment quand il raconte la tension psychologique et immersive de ses personnages. J’adore travailler avec lui. On s’est bien trouvé tous les deux ! On entretient une passion commune pour Hitchcock et David Fincher notamment. Je suis allé le voir très vite avec ce sujet, sans hésitation, car je savais qu’il y verrait l’occasion de faire quelque chose de généreux et tendu comme dans Boîte noire mais cette fois avec un récit plus sociétal, plus ambigu et plus noir à certains endroits.

Le film déroule, dans l’une de ses premières séquences, la routine très rodée de Matthieu Vasseur, ou “coach Matt”, que vous incarnez et que l’on découvre lui-même enfermé dans des schémas promettant la réussite, ainsi qu’une certaine forme d’invincibilité.

Coach Matt est l’un des moteurs de ce nouveau système où la réussite individuelle, la performance et l’appel au dépassement de soi sont devenus fondamentaux. Les réseaux ont accéléré cette idée que chacun d’entre nous est un auto-entrepreneur en puissance, qui doit savoir se marketer et se mettre en scène. Le développement personnel repose beaucoup sur l’idée que l’on est responsable de son bonheur, du “si tu veux, tu peux” et de toute la positivité toxique qui va avec !

Par LAURA PERTUY — Photos, NIKLAS HAZE — Stylisme, ALEX VAN DER STEEN

*Cet article est issu de notre numéro d’hiver 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*