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LOVE VASSILI - Photo AYTEKIN YALÇIN

LOVE VASSILI

Par LAURA PERTUY

À 26 ans, le benjamin du clan Schneider, révélé dans Les Amandiers en 2022 et auréolé du Molière de la révélation masculine en avril dernier, connaît un moment charnière de sa carrière de comédien déjà replète. Le visage tantôt illuminé par une malice enfantine, tantôt saisi du vertige que provoque l’inarrêtable course du temps, l’artiste d’origine canadienne ausculte pour CitizenK avec la complicité de la maison Louis Vuitton sa vertigineuse ascension.

CitizenK Homme : Tu as passé la première partie de l’année sur les planches dans La prochaine fois que tu mordras la poussière, mis en scène par Paul Pascot, tout en étant au casting de plusieurs longs métrages d’envergure, après le succès phénoménal du Comte de Monte-Cristo, nominé 14 fois aux Césars. Quel regard poses-tu sur cette période où ta carrière s’étoffe, où les choix s’amoncellent ?

Vassili Schneider : En effet, il y a eu la pièce et le Molière, qui ont entraîné des émotions très fortes, puis Cannes avec La Venue de l’avenir de Cédric Klapisch, le tournage des Misérables (de Fred Cavayé, avec Tahar Rahim), mais aussi L’Âge d’or, le premier long métrage de Bérenger Thouin avec Souheila Yacoub, un projet génial pour lequel nous sommes partis au Brésil. Je suis très heureux de mon année et me rends compte que ce ne sera pas forcément comme ça tous les ans, qu’il faut donc réussir à profiter. C’est bête mais je crois qu’on se met un peu la pression en tant qu’acteur à être présent, à figurer dans suffisamment de films au cours de l’année. Il y a un stress autour de l’envie d’exister, d’avoir toujours quelque chose à proposer. Et puis on entend souvent que la vie passe vite, alors j’ai parfois envie de faire le plus de choses possibles, d’autant que j’adorerais réaliser des longs métrages. J’ai conscience que les films que je ne réalise pas maintenant n’existeront plus dans dix ans, pour la simple et bonne raison que je ne serai plus la même personne. Il faut que je trouve du temps pour concrétiser mes projets personnels, sans m’appuyer sur un “Je le ferai plus tard”, même si je suis parfois rattrapé par l’envie de prendre mon temps, de vivre simplement.

Tu as tout de même saisi un peu de ce temps si volatile pour réaliser un premier court métrage, avec Melvil Poupaud et Eva Danino dans les rôles-titres, adapté de La Plus Belle Fille du monde de Raphaël Haroche, prix Goncourt de la nouvelle. Comment s’est déroulée cette incursion dans le monde de la réalisation ?

Quand on est acteur, participer à un film, c’est consacrer deux mois à un tournage, se plonger dans un tout autre projet puis découvrir ce même film plus tard, lors d’une projection, et passer à autre chose. En réaliser un, ça implique d’avoir la main sur tout et de savoir que si le film est mauvais, on ne peut s’en prendre qu’à soi-même. Si j’étais sûr d’être très à l’aise sur un plateau, de pouvoir diriger des acteurs, j’ai en revanche appris énormément de choses sur le reste. Je me suis notamment rendu compte du temps long que nécessitait la réalisation d’un film ; il y a une attente monstrueuse entre le momentoù tu as écrit ton scénario, le moment où il est financé (ici, par Saint Laurent) et le moment où tu peux le tourner. En plus de la période de préparation, déjà relativement fatigante, il faut compter le tournage, puis le montage où, après avoir visionné ton film pour la 75e fois, tu n’arrives juste plus à prendre des décisions. Continuer d’aimer son film après l’avoir autant regardé, c’est un défi ! Sans parler de la musique, un aspect sur lequel je suis extrêmement exigeant…

*Cet article est issu de notre numéro d’automne 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*