Au diapason des personnages qu’ils campent dans Vivre, mourir, renaître, incandescent drame de Gaël Morel où un trio amoureux traverse les années sida, Victor Belmondo, Théo Christine et Lou Lampros font tambouriner fort leur belle jeunesse. Encore bouleversés par cette plongée dans les années 1990 comme par la force du lien qu’ils ont créé, ils partagent leurs impressions sur un tournage qui fera date.
CitizenK Homme : Le film se déroule sur une dizaine d’années et use donc beaucoup d’ellipses, se nourrit de moments qui se passent hors-champ. Que vous a inspiré la découverte du scénario ?
Victor Belmondo : Gaël Morel a une écriture très organique. C’est assez rare, en tout cas pour moi, d’avoir des réactions émotionnelles dès la lecture du scénario, et je pense que ça vient du fait que Gaël laisse beaucoup de place à notre imaginaire, qu’il ne nous montre ni ne nous dit pas tout. C’est un grand maître de l’épure, quelqu’un qui déteste en faire trop et donc qui n’écrit pas trop non plus. En tant qu’acteur, évoluer dans cet imaginaire-là rend les choses encore plus fortes. Notre travail a consisté à se délester de toute fioriture, à se laisser porter par cette épure qui habite tout le film et nos personnages.
Théo Christine : J’ai aussi été directement emporté par l’écriture – belle, puissante et emplie d’un amour universel – de Gaël et par la vie qu’il donne à ses personnages. Je trouve hyper intéressant de pouvoir camper un personnage sur une dizaine d’années ; ça permet d’élargir l’imaginaire, de construire des moments auxquels personne n’aura accès à part nous. C’est un travail de fond qui est très important dans la construction d’un personnage et ici l’expérience a été très luxueuse, ça a été un laboratoire fantastique pour nous d’avoir cette fourchette de temps.
Lou Lampros : De mon côté, j’ai vraiment senti une sorte de distance, de l’ordre du respect, lorsque j’ai découvert le scénario parce qu’il y transpirait une telle intimité, comme lorsque l’on assiste à une rupture amoureuse dans la rue. La même impression m’a parcourue lorsque j’ai découvert le film, alors même que je joue dedans ! Tourner Vivre, mourir, renaître, c’était vivre une expérience exacerbée sur le fait même de jouer dans un film.
*Cet article est issu de notre numéro d’Automne 2024. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*