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Paul Alvernhe - METEOR JEWELS

METEOR JEWELS, PÉPITE DE JOAILLERIE

Par ENZO BAPTISTA

Derrière ses allures d’artiste touche-à-tout, Paul Alvernhe cache une obsession : celle de la création. Historien de l’art, gemmologue, peintre, joaillier… autant de vies entremêlées qui l’ont conduit à façonner Meteor Jewels, une maison où la joaillerie ne se contente pas de briller, mais interroge, sculpte et transcende. Chaque bague est une météorite en suspension, un fragment de son parcours gravé dans le métal et la pierre. Une quête artistique où l’expérimentation prime, où la curiosité est reine. Car chez Paul Alvernhe, la création n’est pas figée : elle s’étire, se distord, se métamorphose, à l’image du temps qu’il cherche à dompter.

Votre expérience multidisciplinaire est-il l’élément clé qui explique le style si marqué et reconnaissable de vos créations ?

“Bien sûr, mon parcours influence énormément mon style. Mais au-delà, c’est surtout mon éclectisme. Meteor existe grâce à mes expériences passées : ces métiers m’ont permis d’explorer des univers très différents, de la gemmologie à l’entrepreneuriat, en passant par les maisons de ventes aux enchères… Meteor est la synthèse de ces mondes dans un seul projet. C’est aussi une réflexion sur le temps, qui est au cœur de ma création. La distorsion du temps : que peut-on accomplir en une heure, une minute, une seconde ? C’est en prenant le temps de vivre et d’expérimenter que j’ai atteint une maturité artistique et pu donner naissance à Meteor. Dans chaque pièce, on retrouve mon regard de gemmologue dans le choix des pierres, mais aussi mon expérience de peintre dans le travail de composition. Chaque bague Meteor est une œuvre en soi.”

Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer uniquement autour de la bague ? 

“Pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la bague est un véritable exercice de style. C’est, selon moi, la pièce iconique du monde de la joaillerie, mais aussi la plus exigeante : elle doit raconter une histoire, être ornementale tout en restant fonctionnelle. Il y a aussi l’homogénéité qu’elle implique. Pour faire une comparaison, c’est comme écouter plusieurs morceaux de musique joués par le même instrument : il y a un fil conducteur. Lorsque j’explore une nouvelle direction stylistique, que je fais un pas de côté ou un bond en avant, je garde toujours cette même matrice. Cela me permet d’appréhender plus facilement le résultat de mes expérimentations, sachant que chaque pièce est unique. Je ne suis pas dans une logique de production en série, mais plutôt dans une approche sérielle, à l’image de Monet avec Les Meules ou Les Cathédrales. L’idée est d’avoir un point de vue fixe pour mieux observer les variations d’ambiance et d’atmosphère. Pour Meteor, ce point de vue, c’est la bague.”

Votre approche du bijou est résolument novatrice. Pouvez-vous nous en dire plus ?

“Je considère mon travail comme un bel art plus que comme un art décoratif. La mode a vécu cette transition au XXe siècle, passant de l’artisanat à un véritable médium artistique. Je suis convaincu que la joaillerie est en train d’emprunter ce même chemin. Cette dynamique se reflète dans la place que j’accorde aux éléments traditionnels de la joaillerie. Les pierres précieuses, par exemple, ne viennent qu’à la fin de mon processus de création : je privilégie d’abord une approche sculpturale, cherchant un équilibre entre les métaux et les gemmes. Un mot qui revient souvent pour qualifier mes créations est ‘organique’. Ce qui m’intéresse, c’est la sensation que procure une pièce Meteor : elle semble émaner de la nature tout en étant le fruit d’une recherche minutieuse, d’un calcul précis et d’un travail de composition rigoureux. Trouver l’équilibre parfait, cette évidence presque naturelle, est au cœur de ma démarche. Et je pense que mes futures créations poursuivront encore davantage cette exploration, en ancrant la joaillerie dans le champ des beaux-arts.”

Votre fascination pour l’art semble être le socle de votre histoire. Quel rôle joue-t-il dans votre travail ?

“La curiosité est essentielle, c’est mon moteur. J’ai longtemps cru qu’elle était une spécificité humaine, mais on sait aujourd’hui que d’autres espèces la possèdent aussi. Et finalement, la curiosité est la pierre angulaire de l’art : c’est elle qui nous attire vers une œuvre, qui nous pousse à tenter de la comprendre. Mais il y a aussi un chemin plus intime : l’observateur fait résonner l’œuvre à travers sa propre histoire. C’est pourquoi je parle de curiosité : pour appréhender une œuvre d’art, il faut avoir l’esprit ouvert et être prêt à emprunter ces différents chemins. C’est cette curiosité qui nous permet d’entrer en résonance avec une création, d’y projeter nos émotions et d’en extraire du sens. L’art, selon moi, est une rencontre. Une opportunité de se poser des questions.”

C’est sur ce concept de curiosité, que s’achève cet échange avec Paul Alvernhe. Un mot qui résume parfaitement l’ADN de Meteor Jewels : une maison de joaillerie profondément incarnée, née d’une vie de détours et d’explorations, et qui résonne aujourd’hui à travers des créations aussi troublantes qu’irrésistibles.