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Olympia delle Tofane

SUR LE TOIT DU MONDE

Par ALEXANDRE PAUL DEMETRIUS

Plus de 60 ans après une première édition sur ses terres, les Jeux olympiques d’hiver sont de retour à Cortina d’Ampezzo, une station de ski transalpine dotée d’un panorama unique sur la chaîne de montagnes des Dolomites. L’occasion pour l’Italie de démontrer son savoir-faire en matière de sports d’hiver, car cette fois-ci, les compétitions auront lieu sur plusieurs sites, dont certains situés à Milan.

Le pari est immense, mais il est loin d’être insurmontable. Pour avoir déjà accueilli les Jeux olympiques d’hiver, l’Italie n’est en effet pas novice en termes d’organisation de compétitions sportives d’envergure mondiale. En 1956, le monde entier posait déjà ses valises à Cortina d’Ampezzo, qui s’était dotée pour l’occasion d’infrastructures flambant neuves. Considérés parmi les JO les plus glamours que cette compétition ait connus, ceux de Cortina avaient la particularité de proposer de nombreuses épreuves en plein air, notamment la dernière fois de l’histoire où le patinage artistique eut lieu dans cette configuration. Si la nostalgie demeure, les JO d’hiver 2026 devraient en revanche bien s’inscrire de plain-pied dans la modernité.

RETOUR À CORTINA

65 ans après, les Jeux sont donc de retour, mais ils auront désormais lieu entre Cortina et Milan, avec quelques détours dans la région et ses environs. Attribués en juin 2019, la nouvelle configuration verra Cortina accueillir les compétitions de curling, de ski alpin féminin, de luge, de skeleton et de biathlon. Le reste des compétitions sera réparti sur plusieurs autres sites. La cérémonie d’ouverture principale aura par exemple lieu à Milan, et celle de clôture dans les arènes de Vérone. Trois endroits relativement éloignés les uns des autres, qui donnent la mesure de l’étendue de ces Jeux. Le biathlon se déroulera à Anterselva, dans l’enceinte de la Sudtirol Arena. Les épreuves de ski alpin masculin et de ski d’alpinisme se dérouleront quant à elles à Bormio, située à quelques heures de route de Cortina. C’est donc toute une partie de l’Italie du Nord qui sera mobilisée, et pas juste une ville, comme ce fut le cas lors des JO de 1956. Il faut dire que les sports d’hiver avaient un visage bien différent de celui d’aujourd’hui, que ce soit d’un point de vue sportif, technique ou médiatique. Désormais plus exigeants en termes d’infrastructures, les JO sont à l’échelle d’une mégalopole, comme on a pu le constater lors de leur passage à Paris.

UNE AMBITION CACHÉE

Plusieurs mises à niveau d’équipements existants, notamment pour accueillir le public, sont prévues, car l’idée est de réutiliser d’anciennes infrastructures, comme certaines pistes ou installations sportives toujours en activité. Le Stadio Olimpico, où s’était déroulée la cérémonie d’ouverture des JO de 1956, va subir un lifting, sachant qu’il avait déjà été couvert et modernisé. En ce qui concerne le centre de glisse qui accueillera certaines compétitions, si la réutilisation de l’ancien équipement a été un temps évoquée, il est désormais question d’en construire un nouveau, avec le coût que cela implique. Le coût, c’est sans aucun doute ce qui préoccupe les Italiens, mais avec un statut de quatrième exportateur mondial, le pays jouit des bienfaits de la mondialisation, ce qui ne manquera pas de remplir les caisses. Nul doute que le comité d’organisation mettra la main à la poche pour débourser plusieurs millions d’euros. Municipalités et régions seront à contribution, ainsi que le ministère des Infrastructures et des Transports, qui aura la lourde tâche de fluidifier l’accès aux compétitions sur un territoire assez large. On avance une somme comprise entre 1 et 3 milliards d’euros pour ces Jeux. Une facture conséquente qu’il faudra bien amortir pendant la durée des compétitions, mais aussi sur le long terme, en réexploitant les infrastructures. L’ambition de l’Italie du Nord est notamment de devenir un pôle d’excellence mondial pour les sports d’hiver. Après les JO, il sera donc question d’accueillir diverses Coupes du monde et compétitions nationales ou internationales.

UN FORMAT UNIQUE

L’enjeu est de taille pour l’Italie. En quête de stars du sport à la stature internationale, le pays aimerait rayonner sportivement sur le monde, et ces Jeux vont lui en donner l’occasion, surtout qu’ils seront suivis des Jeux Paralympiques, désormais indissociables du premier volet des compétitions. Le comité d’organisation des Jeux promet en tout cas des surprises pour la cérémonie d’ouverture, qui se déroulera dans un format plus traditionnel, selon Andrea Varnier, le président de Milan-Cortina. Si le nom du stade de San Siro est évoqué pour accueillir les festivités, celles-ci pourraient se dérouler simultanément sur plusieurs sites, ce qui constituerait une première dans l’histoire des Jeux.

Milan devrait logiquement faire office de hub pour accueillir les sports de glace et incarner la capitale économique du pays, par laquelle transiteront sportifs, délégations, médias et public. Sportivement, l’Italie peut s’attendre à des médailles, notamment côté féminin avec Arianna Fontana en patinage de vitesse, Sofia Goggia en ski alpin ou Dorothea Wierer en biathlon. Les JO de Milan-Cortina permettront en tout cas de constater la vitalité économique de l’Italie, souvent présentée comme le “grand malade” de l’Union européenne. Avec ces Jeux, il ne sera pas seulement question de descentes à toute vitesse, mais aussi d’une remontée dans le classement des pays les plus puissants économiquement au monde.