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LOUIS VUITTON MEN’S SPRING-SUMMER 2026 SHOW © Louis Vuitton – All rights reserved

L’INDE À PORTÉE DE MALLE

Par REBECCA PROUST

Sac de voyage à la main, bagages en bandoulière, c’est en foulant le parvis du Centre Pompidou, la tête ailleurs, que Pharrell Williams nous fait voyager en Inde. Pour sa collection printemps/été 2026 homme, la maison Louis Vuitton rend hommage aux savoir-faire indiens et à l’enfance, illustrant un grand besoin d’évasion.

C’est sous le soleil d’été, enfermé entre les murs de Paris, que les spectateurs sont transportés en Inde, les yeux pleins d’insouciance et de couleurs. Les tons sont chauds, les couleurs empreintes de douceur, les teintes naturelles, et les bagages tenus à la main, prêts à partir. Les mannequins Louis Vuitton, aux allures de dandy, nous évadent ainsi vers ce pays fascinant.

Envoûté par le soleil brûlant et l’envie d’évasion, le défilé confronte les symboles du jeu et de l’enfance au sartorialisme indien. La palette de couleurs organiques se mêle au layering de rayures colorées, évoquant à la fois les pyjamas de notre enfance et la signalisation urbaine.

C’est toujours avec ludicité que les motifs, composés d’une tapisserie de flore et de faune intercontinentales, palmiers, léopards et éléphants, que l’on retrouve sur une série de sacs, shorts et costumes, nous replongent en enfance. Ces motifs, issus des archives de la maison sous l’ère Marc Jacobs, datent de 2007. Ils avaient été conçus à l’origine pour la bagagerie du film The Darjeeling Limited de Wes Anderson : un film dans lequel les personnages principaux traversent l’Inde en train.

Mais l’amusement n’a pas dit son dernier mot. Flip, flop : c’est bien ce son que l’on entend sur le parvis du Centre Pompidou, entre doigts et pantalon de tailleur. Pharrell Williams oscille entre deux vestiaires, mêlant décontraction et élégance.

Glamping et traditions : une vision hybride du luxe

Pour répondre à cette dualité, il interprète le terme « glamping », contraction de camping et glamour, proposant un vestiaire adapté à de multiples situations, entre sport et élégance. Ainsi, les vêtements techniques côtoient les costumes, les chaussettes hautes s’associent aux mocassins, et les blousons se portent avec des cravates. Avec cette nouvelle collection, le créateur nous prépare aussi bien à franchir les buttes de Chaumont qu’à visiter la ville de Mumbai.

La collection s’inspire des richesses de l’Inde jusque dans le choix des matières et des coupes. Sous le soleil bleu-blanc des hauteurs, les tissus traditionnels indiens : coton khadi, soie fine, laine de lama ou de vigogne, voire cachemire mélangé, sont retravaillés pour évoquer une patine naturelle, presque usée par le temps.

Ces textures dialoguent avec des fibres techniques comme le nylon performant et le polyester imperméable, une alliance subtile entre aventure et héritage, digne du « glamping ».

Mais c’est au sol que l’immersion prend tout son sens. Un damier géant en bois, accompagné de serpents ondulants aux couleurs vives, conçu par l’architecte Bijoy Jain du Studio Mumbai, représente un jeu traditionnel indien : Serpents et Échelles, à l’origine Moksha Patam.

Datant du IIe siècle, ce jeu symbolise la moralité et la spiritualité de la vie : les serpents incarnent les vices, tandis que les échelles représentent les bonnes actions. Ainsi, les invités deviennent acteurs du jeu, plongés dans un voyage rétrospectif rythmé par de nombreuses étapes.

La maison, qui a inventé l’art du voyage, revient ici à ses sources grâce à Pharrell Williams, en mêlant artisanat indien et savoir-faire de la maison. La collection immerge aussi bien le public que les vêtements au cœur du chemin indéterminé de leur vie.