Pas de hasard si le célèbre chapelier britannique dédie sa dernière collection à Paris. Rencontre avec Stephen Jones, un créateur qui n’a pas la grosse tête.
Lorsque l’on parle de chapeaux et de royautés, il n’y a qu’un monarque et c’est lui. Tour à tour punk, néo–romantique, blitz kid puis dandy, Stephen Jones coiffe (et décoiffe) tout ce qui compte depuis plus de quarante ans. Son OBE reçu des mains du prince Charles témoigne de ce que la mode britannique – et mondiale ! – lui doit. Seul garçon de sa classe lorsqu’il rejoint la Saint Martins School of Art en 1975, il s’est construit un parcours aussi atypique que prestigieux. Accompagnant bon nombre des grands noms de la mode des années 1980 à aujourd’hui (Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler, Comme des Garçons, Walter van Beirendonck, John Galliano, etc.), il est également responsable du département chapeaux pour la maison Dior depuis plus de deux décennies. Autant dire que l’Eurostar, c’est son Vélib’ à lui ! Pour l’automne-hiver 2024/2025, le modeste modiste a intitulé sa collection “A muse à Paris”, véritable cri d’amour pour la capitale française. Rencontre façon tea for two.
CitizenK International : Quelle est l’historique de votre relation avec Paris ?
Stephen Jones : Paris est ma seconde maison. C’est le centre de la mode. C’est aussi l’endroit où j’ai construit ma carrière. Le Paris dont je parle est plus souvent un Paris rêvé que la stricte réalité. Non pas que j’aie un problème avec la réalité mais comme toute personne extra-continentale, l’évocation de la France, Paris et la place Vendôme installe immédiatement un certain niveau et la manière dont vous vous situez par rapport à lui.
Vous m’avez déjà dit que l’escalier de chez Dior avenue Montaigne était pour vous le centre du monde…
C’est amusant de penser que les escaliers des grandes maisons françaises sont en quelque sorte les portes du paradis. Celui de chez Chanel avec ses miroirs ou celui de Schiaparelli qui mène aux fantastiques salons. Chez Dior, vous montez ces escaliers tendus de gris, entouré de toutes ces photographies de personnes extraordinaires qui les ont montés avant vous. Alors oui, c’est comme se présenter à saint Pierre ou, pour être plus prosaïque, montrer votre passeport pour vous rendre dans un autre pays, dans un “ailleurs”.
En termes de style, on a souvent opposé Paris à Londres, les Français aux Anglais. Est-ce que cela a du sens pour vous ?
*Cet article est issu de notre numéro d’Été 2024. Pour le lire dans son intégralité, vous pouvez vous procurer votre exemplaire en kiosque ou sur le site. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*