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Crédit Photo: Aristide Lazo

Commencer l’année en beauté

Par MAÏTÉ TURONNET, Photo ARISTIDE LAZO

Cadeaux bien ordonnés commencent par soi-même. En voici quatre pour commencer l’année en beauté.

LA FÊTE PARFAITE

Le flacon tape dans l’œil, la fragrance monte aux sens. Taillé comme une pierre, brillant comme le désir, coupé de facettes nettes et reflétant le prisme des lumières, désirable à tout point de vue. Le nouveau La Nuit Trésor de Lancôme, version Intense, atteint son but au cœur : séduire. Conçu pour la saint Valentin, dans un esprit “femme envoûtante” et amoureuse, il s’habille en rouge profond, façon rubis impérial, avec une rose au col pour mieux souligner sa volupté et mettre en valeur sa note principale : la rose persane d’Ispahan, ses roucoulades, ses pâmoisons, ses épines pareilles aux griffes d’un chat (persan itou). 

Laquelle rosissime s’accompagne d’une cerise noire quasi confite, tout droit venue du laboratoire des arômes alimentaires. Effet saisissant de réalisme, on sent la pulpe sous les papilles, le sucre et le fruit écrasé. Dans cette gourmandise assumée qui rappelle un célèbre macaron du pâtissier Pierre Hermé connu justement sous le nom d’Ispahan, on trouve aussi, raccord, de la framboise et du litchi. Tout ça sur un fond de lait d’amande et un socle de patchouli. À suivre directement sur peau (de la nuque au nombril et plus loin puisqu’affinités) du bout du nez et de la langue le 14 février, lors de la nuit des amants.

UN NOM CHASSE L’AUTRE

Pour certains d’entre nous, Lempicka n’a longtemps évoqué que Tamara, artiste peintre des années 20. Puis est apparue Lolita (Josiane-Maryse Pividal de son vrai nom). Elle, elle a commencé par faire des vêtements pour elle-même, Cacharel, La Redoute, Monoprix, Etam. On la voit partout. Son style fleuri romantique plaît jusqu’aux grands acheteurs de Rio ou de Dallas. En 1997, sonne l’heure du parfum. Succès instantané pour ce fleuri poudré assez raccord avec l’esprit des années folles : de la violette (beaucoup), de l’iris, de la praline, de l’anis pour le peps, de la vanille et de la réglisse, l’une des notes fétiches de son auteure, Annick Ménardo. Le flacon n’y est pas pour rien non plus, en forme de pomme mauve, suffisamment vénéneuse pour qu’on ait terriblement envie d’y goûter. Les flankers et variations n’ont depuis pas cessé de se succéder. Jusqu’à ce que, il y a une poignée d’années, la famille Pividal se brouille tout rouge avec Amore Pacific, la compagnie coréenne qui fabriquait et distribuait la marque. N’étant propriétaire que de son nom, la maison Lempicka a mis quatre ans à récupérer ses droits et peut donc enfin ressortir son premier-né iconique avec ce Lolita Lempicka Le Parfum 2021. Qu’on est bien content de retrouver inchangé.

LA ROYAUTÉ AMERICAINE

Estée Lauder est moins connue ici que Christian Dior ou YSL. C’est pourtant, comme nos icônes nationales, le nom d’un groupe cosmétique star ultra mondial avec fortune afférente pour les héritiers de la fondatrice. Dont la petite-fille Aerin, sorte de Manhattan princess aussi âpre et sérieuse au boulot que sa mamie, a la double casquette de vice-présidente et de directrice de l’image. Cela doit bien faire une dizaine d’années maintenant qu’elle développe sous l’ombrelle parentale, mais aussi avec son propre prénom, une ligne lifestyle de parfums plus qu’honorable et, collatéralement à des collections de fauteuils, lampes, sacs à main, bijoux, crop-tops et escarpins, quelques cosmétiques pour le corps de haut raffinement. 

Parfaite pour les courtes journées d’hiver, Cedar Violet est une eau de parfum boisée aux accents forestiers après la pluie. Un courant d’air frais qui s’insinue sous le col et dégage les sinus, immédiatement réchauffé par une belle bouffée ambrée et adouci de feuilles de violette éparpillées sur une souche de bois de cèdre et de santal. De Virginie le cèdre, of course. C’est chic, poudré et confortable comme une écharpe de cachemire 24 fils (elle en vend aussi).

ENTRE NOUS

Il y a des marques comme ça, pas beaucoup, qui semblent avoir toujours été dans nos vies. Objets totems et rassurants, familiers et bienveillants. Et parmi celles-là, le premier nom qui vient à l’esprit, c’est Clarins. Quiconque âgé d’un peu plus de 20 ans se souvient du célébrissime Double Sérum à la belle couleur ambrée. Nos mères l’utilisaient depuis 1985 avec la même régularité qu’elles se brossaient les dents, matin et soir, puis nous après elles. Le principe, simple comme l’œuf de Colomb, étant de réunir sous la pression de la pompe deux formules différentes dont les phases (lipidique, aqueuse), aux actifs incompatibles dans le même excipient, reposent dans deux contenants collés/serrés. Une symbiose. 

Aujourd’hui c’est un Double Sérum pour les Yeux qui prend la lumière : 96 % d’ingrédients d’origine naturelle, treize extraits de plantes pleins de protéines salvatrices, une action protectrice contre la lumière bleue. Tout est archi green, dont l’acteur n° 1 de ce soin, le cerfeuil des bois cueilli à la main par l’Association française des professionnels de la cueillette des plantes sauvages. Oui Madame. Bref : traits lissés, poches effacées, rides estompées… Parti pour être aussi culte que son aîné.