Avec sa marque KML, le Saoudien Ahmed Hassan entend réconcilier tradition et modernité.

Dans les pays du Golfe, il n’est pas forcément aisé de faire entendre sa voix lorsqu’il s’agit de proposer autre chose qu’un sportswear vaguement international ou qu’une timide relecture de la thobe ou de la gandoura. Comme si, en dehors de ces deux directions opposées, le prêt-à-porter masculin était dans une impasse. Après des études d’architecture et une formation mode à la Central Saint Martins de Londres, Ahmed Hassan fonde la marque KML en 2022 avec sa sœur Razan. Son but est d’apporter une vision et une solution stylistique à l’équation paradoxale passé/présent. L’amour de la beauté semble avoir fait le reste.

CitizenK Homme: Au Moyen-Orient, il existe une tension entre un lifestyle occidentalisé et un respect scrupuleux des traditions. Comment mettre l’authenticité au goût du jour, c’est ce dont parlent vos vêtements et collections, n’est-ce pas?

Ahmed Hassan: Les choses changent! Nous vivons un moment particulièrement intéressant dans la région avec la redécouverte de nos origines et de styles ancestraux, que ce soit dans l’architecture, la mode ou d’autres domaines. Les gens ont envie de revendiquer qui ils sont vraiment à travers leur culture. Il y a encore dix ans, il s’agissait davantage de mettre en avant un statut social par le biais du luxe et des grands repères interna-tionaux. Aujourd’hui, l’aspect local et authentique des choses est en train de reprendre le dessus.

À ce propos, sentez-vous une différence entre l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe ?

A.H.: Oui, une grande différence. Tout d’abord parce que l’Arabie saoudite est un territoire très vaste. Nous venons d’Al-Medina (région de l’Hijaz, partie occidentale du pays, ndlr) qui est à la fois un lieu saint très important, juste après La Mecque mais aussi le creuset d’un grand melting-pot culturel.

*Cet article est issu de notre numéro de printemps 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*