Loin des décors minimalismes à l’aspect clinique ou du style hygge ambiance cocooning d’inspiration scandinave, Anthony Authié prône avec son cabinet d’architecture Zyva Studio le goût de l’exubérance et de la culture « cartoon ». Artistes, youtubeurs ou professionnels de la mode, tous semblent convaincus par son identité créative haute en couleur.
Il est des temps où l’on aimerait vivre dans l’un des films de notre enfance, comme une échappatoire à une réalité trop anxiogène peut-être. En tout cas, c’est le choix qu’ont fait le youtubeur Squeezie et l’artiste Myd en embauchant Anthony Authié pour penser leur intérieur. Car avec Zyva, son studio d’architecture et de design basé à Paris, il s’attache à retrouver l’univers presque pixellisé des dessins animés de sa jeunesse. « Cartooncore », comme il le définit. Ainsi, l’esthétique de Zyva n’est en rien consensuelle, elle est, au contraire, confrontation. Confrontation avec une vision unique du beau, confrontation avec les espaces, confrontation entre les influences : « Je mets en place des éléments caractéristiques de l’univers des cartoons dans les espaces que je conçois, comme les poignées de portes ou de meubles en pics roses par exemple. Ces détails sont déplacés et insérés dans le réel ». En jouant avec des couleurs et des formes fortes, Anthony Authié invente un univers radical.
Pas étonnant que son travail plaise à la mode. Récemment, il a signé avec l’agence Golgotha la scénographie du salon de mode Première Classe, organisé chaque saison aux Tuileries. « On a essayé de déstructurer la scénographie de l’évènement et de proposer quelque chose de nouveau. C’était intéressant notamment parce que le salon se tient dans un endroit de Paris très marqué architecturalement parlant, en face du Louvre. Au cœur, donc, des Beaux-Arts et de l’académisme. La tente de Première Classe était pensée à l’inverse de ça, on entrait dans cet espace cartoonesque, reprenant des codes visuels de la mode mais les twistant et les changeant d’échelle. » Car effectivement design et architecture d’intérieur sont deux mondes particulièrement attachés au bon goût, avec parfois encore une teinte de conservatisme. La radicalité visuelle proposée par une nouvelle génération d’artistes et designers secoue donc un peu ces codes du beau. « On pourrait penser que les esthétiques radicales que je propose s’opposent à la notion même de sobriété, de blanc, de consensuel, et c’est vrai. Mais la salle blanche, si on y pense, rappelle bien plus l’enfermement, la mise sous tutelle même. » Ajouter des couleurs, repenser les codes, c’est créer une rupture que l’on assimilerait assez facilement à la mode. Et justement : « La mode est un cadre d’expérimentation que j’apprécie beaucoup, très avant-garde, toujours à la recherche de nouveauté et posant une réflexion sur ce que veut dire le bon goût. Mon rêve, ce serait de refaire une boutique Moschino. Je pense qu’il existe de vraies synergies entre nos univers, et, étudiant, j’admirais vraiment le travail de Jeremy Scott (l’ancien directeur créatif de la griffe parti en 2023, NDLR). » La collaboration Zyva Studio x Moschino, c’est pour bientôt ?