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TÊTE À CHAPEAU POUR TÊTE D’AFFICHE

Par EMMA BENTZINGER

Qui peut concevoir Indiana Jones sans son Fedora ? Ou l’élégante Miss Golightly affublée d’une casquette plutôt que d’un chapeau cloche ? Et pourrions-nous concevoir Emily débarquant à Paris sans son béret, aussi cliché soit-il ?  

À l’écran, les chapeaux outrepassent leur fonction d’accessoires pour devenir des extensions de leur personnage, suscitant de vives émotions chez les spectateurs. Décryptage de trois têtes à chapeau qui ont crevé l’écran. 

Emblème du cinéma, le Fedora d’Indiana Jones, porté par l’archéologue campé par Harrison Ford, est devenu bien plus qu’un simple couvre-chef. Il incarne l’audace et l’intrépidité de son porteur, renforçant ainsi son caractère viril, faisant de lui une icône du film d’aventure depuis sa première apparition en 1981. En attribuant ce Fedora à Jones, le réalisateur Steven Spielberg a su établir un lien indissociable entre le chapeau et l’esprit d’aventure qui anime le film, créant une symbiose entre le personnage et son accessoire, et ce depuis de nombreuses années.

Le chapeau cloche de Miss Holly Golightly dans Diamants sur Canapé (1961) offre une approche plus complexe de la construction d’un personnage. Coiffant Audrey Hepburn, ce chapeau devient un symbole du rêve américain dans toute sa splendeur, incarnant l’aspiration à une vie de luxe et de glamour du personnage. Au fil des années, ce chapeau,  créé par Hubert de Givenchy, est devenu un emblème de la sophistication de l’Upper East Side et du feu qui anime ceux ayant emprunté l’ascenseur social, influençant nos seulement les tendances de la mode de l’époque, mais également la perception du personnage d’Holly Golightly en tant qu’icône de style et de grâce. 

Et comment évoquer les chapeaux à l’écran sans mentionner le béret d’Emily Cooper  dans Emily In Paris ? Affublée de ce chapeau so french, l’héroïne américaine défie les Parisiens par la seule présence de cette galette en feutre sur sa tête. Ce béret incarne le conflit entre l’aspiration à s’intégrer dans la capitale française et la réalité plus complexe, faite de désillusions, de la vie dans la Ville Lumière. Avec ce chapeau, Emily a inspiré des milliers de spectateurs, les incitant à adopter cette pièce lors de leur voyage à Paris, quitte à vraiment passer pour des touristes dans les rues de Montmartre. 

Avoir une tête à chapeau à l’écran n’est pas donné à tout le monde. C’est un privilège réservé à ceux qui ont les épaules assez solides pour porter des instruments narratifs puissants. Arborer un chapeau peut métamorphoser un simple personnage en un rôle mythique qui laisse une empreinte indélébile dans l’imaginaire collectif.