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Fard à Lèvres Rose des Glaces, SERGE LUTENS. Diorshow Khôl Crayon Haute Intensité, DIOR. Lip Power, ARMANI. Stylo Eyeliner Ink, SHISEIDO. Khôl Longue Tenue, SEPHORA COLLECTION. Crédit : VLADIMIR CHAUDEMARDSKY

Quels sont les secrets de beauté de nos icônes disparues ?

Par MAÏTÉ TURONNET

Toutes portaient en elles quelque chose de suspendu dans le temps. Disparues depuis des siècles ou des années, elles continuent de hanter nos rêves. Modèles à suivre ? Oui, mais pas trop loin, une fantômette est le contraire d’un ange. 

NICO

Christa Päffgen, alias Nico, décédée en tombant de bicyclette (ce qui est vraiment terre à terre quand on a passés a vie à consommer quantité de produits aussi toxiques qu’illicites), la muse interprète du Velvet Underground, était une grande blonde, enfin, disons plutôt châtain, mais qui, ne reculant jamais devant rien, peroxydait volontiers ses cheveux jusqu’au quasi blanc. Cheveux qu’elle portait longs et raides avec une frange très basse sans doute rectifiée tous les trois jours avec des ciseaux de cuisine. L’ordonnance est simple : 

  • Un bon décolorant tel que Le Platine de L’Oréal Paris parce qu’il est facile à poser suivi d’une teinture de qualité genre Blond Polaire Helsinki de la même ligne (Préférence) et marque. 
  • Pour l’entretien, les produits de Christophe Robin sont incontournables. Son SoinNuanceurdeCouleurBlondPur est un mélange de pigments bleus et d’iris parfait pour neutraliser les reflets et revitaliser. 
  • Pour le coiffé, un lisseur de compèt’ : le Styler Platinum + de GHD reconnait le type de fibre capillaire et ajuste la température. Affaire expédiée en un geste. 

Jusque là tout va bien ? La suite n’est pas trop compliquée non plus. 

La dame avait un style bien à elle, mémorable. Les yeux comme passés au charbon noir, le teint blanc et les lèvres beiges comme si tout le sang s’était retiré de son corps. Donc : 

  • Du khôl ! Du khôl ! Et encore du khôl sur ses prunelles de glacier. Ce n’est pas le choix qui manque. Diorshow Khôl Crayon Haute Intensité est doté d’un embout en mousse qui facilite l’application et permet de faire baver un peu sur les bords. Sinon, il tient sans bouger. 
  • Tout comme le Khôl Longue Tenue de Sephora Collection, une fidélité irréprochable, une texture crémeuse et 45 % de pigments.

Sa peau qui semblait parfaite était criblée de taches de rousseur, ce qui lui donnait un air bien trop sain. D’où un fard camouflant et pâle, jamais de blush. 

  • L’Encre de Peau Fond de Teint Couvrant et Matifiant d’Yves Saint Laurent résiste à tout : chaleur, UV, eau et habille l’épiderme tout en le laissant respirer.Teinte B10. 
  • Ou, si vous êtes déjà dotée d’une carnation évanescente, Le Blanc de Chanel, est une légende parmi les maquilleurs pro qui en vantent l’effet éclaircissant et unifiant. 
  • Et le rouge à lèvres, demandez-vous ? Tout sauf rouge ! Filez chez Serge Lutens pour son Fard à Lèvres Rose des Glaces.

VÉNUS

On ne va pas évoquer la divinité gréco-romaine, mais la femme peinte par Sandro Botticelli vers 1484-1485, telle que les visiteurs des Offices à Florence ne se lassent toujours pas de contempler. Plutôt que Vénus ou Aphrodite, elle s’appelait Simonetta Vespucci et était considérée la plus belle de son temps (“La Sans Pareille”). Ce qui l’autorisait à cocufier son mari avec Julien de Médicis. 

Mais lorsque Botticelli la portraitise, elle est déjà morte de la tuberculose depuis neuf ans ! Ce qui est saisissant, c’est la modernité de cette apparition : teint séraphique, ovale parfait du visage, nez droit, grand front (sourcils fins et espacés), lèvres délicates. Et quelle chevelure ! Exubérante est un trop faible mot pour décrire cette forêt capillaire torsadée, ondulée, tressée, enrubannée et descendant quasiment jusqu’à ses pieds. Ce blond vénitien qui était le sien valait par son éclat solaire. Si le vôtre n’est pas naturel, vous savez aussi qu’il demande un entretien régulier. 

  • La gamme Flourish de Virtue a tout pour consoler celles dont le capital chevelu n’est pas pleinement satisfaisant. Et tout spécialement le Booster de Densité, saturé de nutriments permettant à la fibre de se renforcer, s’épaissir et développer une croissance inespérée. 
  • Idem Le Lift Hair de Urban Keratin. Cette onction apporte brillance, hydratation et matière aux cheveux fragilisés par la coloration. Céramide R pour refermer les écailles et vitamine PP pour stimuler le renouvellement. 

Autre atout de Simonetta, la qualité de sa carnation, fraîche comme au jour de sa naissance. Pas de fond de teint ici, fut-il léger comme une plume, mais un excellent primer qui laisse transparaître le grain et affleurer l’incarnadin des joues. 

  • La Base de Teint Illuminatrice de MAC convient à tous, abreuve et lisse l’épiderme, contrôle le sébum, révèle l’éclat. Choisir la couleur Radiant Pink.
  • Un p’tit blush ? Oui, si on le pose seulement sur le haut des pommettes. Bâton Hydratant Teinté de Pixi : ce fard pêche à base de ginseng et d’aloe vera s’estompe du bout des doigts. 

Quand aux “yeux, couleur des cieux” selon Verlaine, on conseillera d’oublier le mascara pour privilégier une teinture professionnelle. Des cils aussi naturels que ceux de Vénus. Ou s’ils sont eux aussi un peu roux, les laisser nus, il n’y a rien de plus beau. 

BILLIE HOLIDAY

Même par sa voix d’une fragilité déchirante, à peine enrouée et si limpide, Billie annonçait tous les signes d’un destin tragique et d’une mort précoce à tout juste 44 ans. On la savait très malade d’alcool et de drogues, abusée sexuellement depuis l’enfance, abusée financièrement par une kyrielle de protecteurs, maris, impresarii, mais on l’en aimait d’autant plus parce qu’elle touchait au cœur. Le teint assez clair (elle avait du sang irlandais dans les veines), les sourcils précisément dessinés en arc de cercle, la bouche toujours d’un carmin prononcé et la coiffure tirée vers l’arrière en un chignon bas puis bouclée au-dessus du front, avec de gros bijoux d’oreilles comme c’était la mode dans les années 1940. Elle est immortelle. 

Au lissage brésilien que beaucoup de femmes noires ont adopté, on préférera le retour au naturel (pas de chimie, pas de brûlure et beaucoup de style). La coiffure afro est une grande et belle chose. En l’occurrence, pourquoi ne pas les tirer vers l’arrière, les plaquer à l’aide un produit ad hoc, les attacher avec un gros ruban, et à défaut de fleurs fraîches, y planter une belle barrette ? 

  • Le Masque Karinga hydratation suprême, de Furterer : beurre de karité, huile d’argan et extrait de moringa (toutes plantes archi connues en terre africaine) assouplit, gaine et aide presto au démêlage et coiffage. Sans rinçage ni une goutte de silicone ! 
  • En 2012, Serge Lutens (encore lui) rend un hommage à l’inoubliable Lady Day avec l’eau de parfum Une voix noire aux notes de gardénia, cette fleur puissamment odorante qui ne quittait jamais ses tempes. Avec le rhum, le tabac, le bois, on se croirait dans un speakeasy de Harlem. 

Pour le reste, la chanteuse n’y allait pas avec le dos de la truelle : trop de fond teint, Max Factor probablement, grand favori des acteurs de théâtre, du mascara bien entendu, mais pas d’eyeliner. Sur les lèvres, ce rouge qui marquait le filtre de ses clopes fumées à la chaine ou le rebord des verres d’alcool éclusés à la même cadence. C’est-à-dire pour résumer : 

  • Le fond de teint iconique Double Wear d’Estée Lauder dans la variation Pebble choisie parmi 55 autres (SFP 20), invisible quoique parfaitement camouflant, imperturbable, fut-ce sous le climat étouffant de ces États du Sud où l’on ne voulait pas la recevoir. 
  • Et pour l’indispensable rouge à lèvres ? Le Lip Power chez Armani serait parfaitement adapté : inaltérable, intense et luxueux. Couleur recommandée : 406 Audace. Flamboyance assurée.
  • Quant au nouveau mascara Astronomical de Byredo, sculptural et surprenant, en plus de recourber, épaissir et nourrir ces cils, il aurait aussi apporté un peu de couleur et de fantaisie à cette vie si sombre. Pourquoi lui dire non ?

AVA GARDNER 

Mais j’entends ici Ava dans sa soixantaine. Pas la sublime créature de ses années triomphantes sous le regard de John Huston ou Joseph Mankiewicz, mais celle, vieillissante, à laquelle tant de femmes de même saison aimeraient ressembler. Il est vrai qu’il s’agit d’abord d’une affaire d’allure et de caractère, mais celle qui fut si familière des fantômes, au point de mourir pour l’un d’eux (dans Pandora d’Albert Lewin) était toujours aussi inspirante à la fin de sa vie, dans l’acceptation de son âge, telle qu’on la voit en Sissi dans Mayerling de Terence Young. Toujours les mêmes sourcils arqués et provocants, toujours la même fossette quasi masculine au menton, toujours le même regard transperçant désormais sous des paupières plus lourdes, un peu gonflées par l’abus d’alcool. Décadente ? Non, chic ! Entre Romy Schneider fin de vie et Anna Mouglalis pleine vie. En un mot : sublime. 

Donc les sourcils. Essentiels pour l’ex Mrs Rooney, Shaw, Sinatra, par lesquels elle exprime toute son ironie, ses sarcasmes, son arrogance et son insoumission aussi. L’un toujours haussé vers le front, l’œil plissé, elle les laisse assez libres d’eux-mêmes. Aucune épilation à la cire, un simple trait de crayon sous le bord supérieur pour en souligner la ligne, estompé pour devenir invisible et les poils inférieurs bien peignés pour paraître le plus naturels possible. Ce qu’il faut de mascara et d’eyeliner noir pour mettre en valeur ses extraordinaires yeux verts, du blush pour creuser les joues et un rouge éclatant sur des dents impeccables. Pas de lifting. 

Les sourcils, sous l’influence de miss Kardashian & consorts, sont redevenus à la mode. On a donc quantité de produits dédiés à disposition, plus légers et efficaces que les crayons de jadis.

  • La Palette Sourcils de Chanel est un tout-en-un ultra pratique : une cire, une poudre, un pinceau, un estompeur, un peigne et une pince. Qui dit mieux ? 
  • Aux mains hésitantes, le Stylo Eyeliner Ink de Shiseido va changer la vie. Sa pointe en forme d’arc assure de ne plus de se tromper et de tirer un trait définitif sur les paupières baveuses. 
  • Daté de 1958, le mascara que l’on croit avoir été le sien est l’inoxydable Long Lash d’Helena Rubinstein. Waterproof (on peut pleurer sans se défigurer), avec des fibres de soie. Pas près de disparaître. 

Les deux autres gestes de celle qui ne fut nominée qu’une seule fois aux Oscars sont moins recommandables : le blush trop marqué, trop contrasté, et le trait de crayon à lèvres pour mieux cerner leur impeccable contour. Ces deux excès ressemblent trop au travail des maquilleurs de studio pour être son choix. Sur les rares photos qui la montrent au naturel, on s’aperçoit d’ailleurs qu’elle ne les affiche pas. Donc, seul un beau rouge brillant fera l’affaire. 

  • Tel le Doré satin de La Bouche Rouge, sans cire d’abeille, sans silicone, sans dérivés pétrochimiques et pourtant hyper luxueux, surtout dans son écrin de cuir surpiqué de même couleur. 

Voilà qui est digne de l’une de ces étoiles dont la lumière nous parvient encore alors qu’elles sont éteintes depuis des éternités