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© Walter Wan Beirendonck

GARÇONS DE PARIS

Par Laurent Dombrowicz

WALTER VAN BEIRENDONCK

Ayant récemment pris sa retraite de ses fonctions de directeur mode à la prestigieuse Académie royale des beaux-arts d’Anvers, l’éternel agitateur de la mode masculine reste fidèle à son style arty-techno. Et c’est précisément cette constance qui fait le charme et la force de ses collections, régulièrement citées par d’autres marques et rattrapées par le cycle des tendances. Pour l’été 2023, sa recherche stylistique et formelle voyage du côté d’une royauté historique, entre souverain et bouffon. Fraises, manches à crevés, bloomers dorés et richelieus coordonnés sont érigés en pièces phares d’un spectacle opératique.

EGONLAB

Florentin Glémarec et Kevin Nompeix signent leur plus belle collection avec cette transcription non littérale des Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Il en ressort des garçons légèrement hallucinés dans un monde où cartoon et glitter font très bon ménage. On retrouve leur tailoring ultra-moderne, leur sens des proportions précis mais jamais redondant et, cette saison, le jeans effiloché en pièce maîtresse d’un vestiaire festif.

LOUIS GABRIEL NOUCHI

Le Français de 34 ans fait monter la température avec des vêtements que l’on désire autant porter qu’enlever. Cela tombe bien puisqu’il propose une relecture 3.0 des Liaisons Dangereuses avec un Valmont jamais avare d’un coup vite fait entre deux portes. Un sens du libertinage parfaitement dans l’air du temps, surtout lorsqu’il prend corps dans un casting de contraires : longiligne ou ultra-musclé, glabre ou hirsute, tous les goûts sont permis. T-shirts relevés par-dessus tête, shorts flatteurs et robes de chambre ouvertes cernaient le propos avec une efficacité sans faille.

LOUIS VUITTON

Fin du cycle des hommages à Virgil Abloh et à sa révolution de mode. Le studio recycle une partie des idées les plus fortes proposées par le directeur artistique américain pendant huit saisons en les transposant dans un terrain de jeu géant. D’humeur régressive donc, la collection affiche pléthore de couleurs vives et de détails rigolos faisant référence à l’enfance : sacs jouets façon voitures miniatures Dinky Toys, costumes de poupées agrandis et sportswear faisaient loi et jeu de l’oie.

DRIES VAN NOTEN

Il s’était absenté des podiums depuis deux ans ; il revient par la grande porte avec la plus belle proposition de la saison. Des éléments connus de son vocabulaire mode (les rayures classiques, les costumes flare, les imprimés, la ceinture de maintien) sont remixés au goût du jour avec une acuité et une modernité absolue. Ses cow-boys complètement outlaw qui s’essaient de temps à autre à la nuisette ont encore l’œil rougi d’une nuit agitée. Proficiat, meneer Van Noten !

DIOR

Un jardin imaginaire reliant Granville, où grandit Christian Dior, et le Sussex, cher au peintre britannique Duncan Grant, sert de décor mais aussi de réflexion à la collection signée Kim Jones. Mi-français mi-british donc, avec la rigueur de l’un et la poésie de l’autre, toutes deux intimement mêlées dans une silhouette plutôt complexe. Pour les nouveaux princes jardiniers, on retient les vestes tailleur à la structure apparente, un techwear ultra-léger, le camaïeu de pastel et, en vedette, le motif cannage décliné en chaussures et chapeaux. 

THOM BROWNE

Dans toutes ses collections, le créateur américain questionne la masculinité et l’uniformité par des processus de répétition(s), comme le fait le compositeur Steve Reich. Avec un humour radical sur la présentation de ses concepts mais un sérieux absolu sur le patronage et la rigueur d’exécution. Pour l’été 2023, il excelle à nouveau avec une collection en tweed pastel, où minijupes et jockstraps deviennent la nouvelle « norme » pour cet homme qui voyage en toute aisance entre La croisière s’amuse et un concert punk. La silhouette est riche, savante et bouscule avec brio le puritanisme d’outre-Atlantique.