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L’attraction de Moïse au parc Holy Land Experience à Orland, en Floride.

PARCS DE FOLIE

Par JEAN DELVILLE Illustrations, SVELT STUDIO

Tour du monde des plus incroyables parcs à thème qui refont l’Histoire.

HOLY LAND EXPERIENCE

Le premier parc à thème chrétien est basé, depuis 2001, à Orlando en Floride, tout près du plus gros parc Disneyland ! Son fondateur est Marvin Rosenthal, juif converti au protestantisme devenu pasteur. Le clou du parc est une maquette king size de la Jérusalem du premier siècle de notre ère. Sinon, HLE semble plus éducatif que ludique, avec un musée qui abrite la quatrième collection au monde pour les antiquités bibliques. Of course, on peut assister à des offices ainsi qu’à des cours d’exégèse biblique et des cours de cuisine antique. Le grand auditorium offre la reconstitution de la crucifixion du Christ. Pour aller plus haut, au Kentucky, une arche de Noé bâtie aux dimensions gigantesques évoquées par la Bible : Ark Encounter abrite dans ses flancs la famille Noé en mannequins de cire, toute une ménagerie d’animaux sculptés, et plein de recoins à explorer en famille.

WUNDERLAND KALKAR

L’Allemagne ayant, sous l’influence d’un fort courant écologiste, commencé à tourner le dos au nucléaire qui alimenta en énergie le miracle allemand, un entrepreneur hollandais rachète au gouvernement pour quatre millions de marks la centrale de Kalken sise à la frontière néerlandaise. Et il y ouvre en 1995 le premier – et le seul à notre connaissance – parc de loisirs à thème, ou du moins à environnement, nucléaire. Pas moins de quarante attractions classiques sont proposées à l’ombre des surgénérateurs et des réacteurs qui ornent le parc : grand huit, grande roue ou encore nacelles volantes entre autres manèges et montagnes russes. La tour de refroidissement, qu’on peut escalader, est entièrement peinte d’un décor de montagnes et cernée d’un anneau de sapins, comme pour conjurer un passé moins bucolique. 

L’EDO WONDERLAND

Envie de se promener dans une estampe japonaise ? La visite du Edo Wonderland (Nikko Edamura en japonais) est prévue par moult tour-operators en pays nippon depuis sa création en 1986. L’Edo est une période de l’histoire japonaise s’étendant de 1603 à 1868, jusqu’à l’ère modernisatrice du Meiji. C’est donc un village nippon à l’ancienne et sa campagne qu’on visite sur 500 000 m2, avec ses maisons de bois à toits pentus, ses échoppes d’artisans et ses petits ponts de bois ajourés, et bien sûr ses samouraïs aux visages fermés et aux sabres courbes, ses paysans sortis des Sept Samouraïs  ou ses dames à allure de geishas. À propos de fantômes, l’Edo Wonderland abrite un temps hanté d’esprits démoniaques et digitalisés, sans oublier le très couru Ninja Trick Maze, un labyrinthe dans le goût japonais dont on a, paraît-il, bien des difficultés à s’extraire avant la fermeture du parc. 

DWARF EMPIRE

La Chine ayant plus de « distance » avec le politiquement ou l’humainement correct, elle a ouvert en 2009 au Yunnan (région montagneuses frontalière du Viêtnam et de la Birmanie) un parc dont le thème ferait sans doute tousser en Occident : The World Eco Garden of Butterflies and the Dwarf Empire propose en effet à la curiosité des visiteurs tout un petit monde peuplé de cent nains, revêtus de costumes traditionnels chinois ou de tenues occidentales, qui chantent et dansent aussi bien sur des chants traditionnels que du hip-hop. Leur journée finie, ils rentrent chez eux, dans des logements installés dans le par et adaptés à leur taille. En somme, les Chinois ont fait en grand ce que Fort Boyard a esquissé avec Passe-Partout. 

PARC GRUTAS

Sitôt libérée du joug soviétique en 1990, la Lituanie procéda à un grand « dépose-minute » des statues et emblèmes communistes, les stockant aux quatre coins du pays. Une dizaine d’années plus tard, l’ex-lutteur Viliumas Malinauskas obtient de récupérer ces encombrants souvenirs et crée en 2011 un parc paysager 100% stalino-soviétique. À Druskininkai, 30 km au sud-ouest de la capitale Vilnius, les visiteurs du Parc Grutas peuvent inspecter en famille des baraquements de goulag et en surveiller les abords au sommet des miradors. Et quand les enfants veulent s’évader des barbelés, une plaine de jeux plus « neutres » ou un mini-zoo les accueille. Mais l’ambiance est surtout assurée par les nombreuses et imposantes statues de Staline, Lénine et Félix Dzerjinski (le fondateur de la Tchéka, police politique chargée de traquer les ennemis du bolchevisme). Le touriste a d’ailleurs droit à différents parcours alléchants, en fonction du décor : la « sphère de la terreur », la « sphère totalitaire », et bien sûr, la « sphère de la mort ». 

POPEYE’S VILLAGE 

C’est finalement Malte qui a élevé le marin yankee Popeye au rang de thème de parc d’attraction. Il est vrai que le Popeye’s Village a d’abord été construit en 1979 – 50 ans après la création du personnage – pour les besoins d’une comédie musicale 100% américaine signée Robert Altman, avec Robin Williams et Shelley Duvall. Le film sorti, restaient les décors, tout un village de maisonnettes en bois implanté à Anhor Bay, sur la côte nord-ouest de l’île. Les Maltais ont donc fait du plateau du film un parc ou plutôt un village d’attractions permanent, avec des figurants déguisés en Popeye, Olive, Gontran ou Rufus déambulant dans les rues plantées de palmiers, au milieu des petites maisons restées en l’état après le tournage. Pas ou peu d’attractions proprement dites – à art des trampolines – mais il y a cette très jolie baie avec toutes les activités nautiques afférentes. 

À SUIVRE

NAPOLÉONLAND

Passionné d’épopée impériale, le député UDI de Seine-et-Marne, Yves Jégo, rêve d’ouvrir à l’horizon 2023 un Napoéonland dans sa bonne ville de Montereau-Fault-Yonne, théâtre d’une victoire de l’Empereur sur les Austro-Wurtembergeois le 18 février 1814 (régulièrement reconstituée sur place). Comme son héros, Jégo voit grand : 56 hectares, 244 millions d’euros en partie fournis par des investisseurs étrangers (chinois notamment), et un panel d’attractions validées par un comité de dix historiens. Dont un casque de réalité virtuelle avec lequel le visiteur se retrouverai au cœur d’une bataille napoléonienne, avec son fusil modèle 1777 – attention, même virtuelle, l’arme est lourde, imprécise au-delà de 100 mètres et se recharge en douze temps, n’autorisant qu’un coup par minute maximum. De toute façon, dans la meilleure tradition impériale, le projet est soumis à plébiscite, les habitants de l’intercommunalité étant depuis l’année dernière invités à donner leur avis sur le projet. À suivre, avec intérêt.