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A. Lange & Söhne Datographe Perpétuel Tourbillon Honey Gold “Lumen”

PAR MONTRES ET MERVEILLES

Par YANNICK NARDIN

Au printemps, à Genève, les passionnés d’horlogerie vivent “esthétique”, respirent “technique” et dormiront plus tard ! Dans le sillage du salon Watches and Wonders bouillonne une concentration exceptionnelle de marques. La chasse aux tendances est ouverte sur fond de (luxueux) déballage de nouveautés.

La mode possède ses fashion weeks et l’horlogerie ses watch weeks, tout aussi attendues et analysées. L’événement le plus couru se déroule sur fond de Jet d’eau et de mont Blanc, à Genève. Hub international idéalement proche de centres horlogers historiques, la région dénombrait 200 marques exposantes en avril dernier, dont 54 au salon Watches and Wonders. Son ouverture levait le voile sur une multitude de nouveautés. En tête de file, des trend setters très scrutés, tels que Rolex, Patek Philippe, Cartier ou Vacheron Constantin – Omega, Audemars Piguet ou Richard Mille faisant fi du salon. En filigrane des tendances de cette watch week, se devine aussi le pouls du marché. Verdict ? L’ambiance semble à la réserve, à l’image des exportations horlogères suisses en baisse (après un boom post-Covid), et des relations internationales sur le qui-vive. Malgré tout, le luxe reste spécialiste ès merveilles. Si les révolutions mécaniques ou les matériaux du futur tiennent moins le haut du pavé cette année, les horlogers établissent plusieurs records et concentrent leurs efforts sur l’esthétique et les valeurs sûres – l’or en tête. Leur versant plus débridé ose les variations de couleurs, et se lâche presque dans le non-genré. Le climat économique et politique tendu incite à se méfier de l’ostentatoire et à revenir à une certaine pudeur. Certains horlogers montrent un penchant pour le quiet luxury, inspiré (comme souvent) par des acteurs de la mode – tels Gucci, Zegna ou Brunello Cucinelli, adeptes du profil bas. Cette approche du luxe, essentielle et intemporelle, propose des produits considérés comme durables, plutôt que de jouer sur l’euphorie passagère de créations très typées.

La sobriété est d’or
Même si Rolex reste Rolex et suit son propre tempo, réglé sur une qualité superlative, la marque à la couronne vire de cap, direction la sobriété. Une surprise en soi, après la folie douce de 2023, avec les cadrans foufous de la Day-Date, la nouvelle collection “Perpetual 1908” et l’introduction (homéopathique) de fonds transparents. En 2024, ses nouveautés font honneur à l’art cadranier : décor guilloché “grain de riz” sur la Perpetual 1908, bleu-vert sur la Day-Date 36 ou combinant nacres blanche et noire sur la Cosmograph Daytona – peut-être son modèle le plus osé ce printemps. Sa voyageuse, la GMT-Master II “Cinderella” (osons le petit nom), affiche des couleurs d’une bienséance redoutable – lunette Cerachrom gris et noir et boîtier en acier. En matière d’élégance contenue, Parmigiani Fleurier donne une leçon de style. Son esthétique “PF” épurée, qui lui a permis de (re)nouer avec le succès depuis 2021, prend de l’ampleur. La Tonda PF Micro-Rotor se déleste de tout superflu en version No Date d’un dépouillement à en faire perdre la tête. La nouvelle collection “Toric” s’inscrit, elle aussi, dans le segment raffiné des montres habillées – les dress watches – dans des boîtiers très précieux, en platine et en or.

*Cet article est issu de notre numéro d’Été 2024. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*