×
La maison-atelier du couple © Fondation Marta Pan – André Wogenscky

Marta Pan et André Wogenscky, amour et modernisme

Par Justine Sebbag

La sculptrice Marta Pan et l’architecte André Wogenscky se sont unis à la ville comme dans leur art. Découvrez l’histoire de ce couple de créatifs visionnaires du XXe siècle, à travers leur collaboration intime et leur maison des Yvelines, où l’espace devient matière et la poésie prend forme. 

Dans le sillage des grandes figures artistiques du XXe siècle, Marta Pan (1923-2008) et André Wogenscky (1916-2004) ont créé leur propre voie, explorant de manière inédite le rapport entre sculpture et architecture. Leur rencontre en 1949 marque le départ d’une aventure amoureuse et créative qui va transformer leur vie et redéfinir les frontières de leurs disciplines respectives. En 1952, seulement trois ans après leur rencontre, le couple entame la construction de leur maison-atelier à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, en région parisienne. Dans ce lieu à eux, leurs pratiques convergent pour former un espace d’expérimentation. La maison, telle une toile en constante évolution, témoigne de leur union artistique. 

Quand l’architecture rencontre la sculpture

L’architecture d’André Wogenscky s’enrichit du regard sculptural de Marta Pan, tandis que les courbes douces et fluides de cette dernière se reflètent dans les tracés architecturaux. Le duo joue avec les formes, évidant les murs pour créer des espaces intrigants et introduisant le mouvement dans leurs créations, traduisant une certaine idée de la dynamique du monde qui les entoure. Au-delà des réalisations physiques, Marta Pan et André Wogenscky partagent une vision commune de l’intervention dans l’espace. Pour eux, chaque création est l’expression d’une énergie captée et rendue visible, un dialogue intime entre l’artiste et le lieu. Cette sensibilité à l’énergie du mouvement les rapproche de la danse, et les mènent vers le chorégraphe Maurice Béjart qui donnera vie à leurs sculptures dans des performances uniques. 

Décloisonner les disciplines 

Leur maison-atelier de Saint-Rémy-lès-Chevreuse est l’incarnation de cette volonté de fusion entre l’architecture et la sculpture, en créant des espaces ouverts qui favorisent les échanges entre les deux disciplines. L’étage, dédié au dessin, se marie harmonieusement avec l’atelier de sculpture baigné de lumière. Chaque élément de l’aménagement intérieur s’accorde avec le cadre naturel. Dans le parc, dix-huit sculptures monumentales interagissent avec leur environnement paysager, reflétant la quête partagée d’une tension spatiale entre art et nature. 

L’union des matériaux et des courbes

Cette complicité créative se retrouve également dans des projets extérieurs, où l’architecture et la sculpture s’imbriquent tout aussi naturellement. La connivence artistique du couple se traduit également par une fascination partagée pour les courbes et la tactilité des matières. Le travail d’André Wogenscky avec le béton, combiné à la douceur soyeuse des bois durs, des marbres et de l’inox de Marta Pan, révèle une esthétique subtile où le mouvement et l’énergie jouent un rôle central. Des objets du quotidien transfigurés par la main de Marta Pan aux interventions audacieuses d’André Wogenscky dans l’espace urbain, leur empreinte artistique se déploie du petit au très grand. Cela donne naissance à des réalisations marquantes telles que le ministère libanais de la Défense, où la sculpture monumentale de Marta Pan évoque une brèche entre la guerre et la paix. 

Un héritage artistique 

Au-delà des formes, c’est la connexion des idées et des convictions qui scelle le destin de ce couple, dont la complicité intime et artistique transparaît dans chaque projet. Marta Pan et André Wogenscky laissent une marque indélébile sur l’histoire de l’art du XXe siècle, démontrant l’importance de la collaboration et de la fusion des disciplines dans l’épanouissement de la créativité. Soucieux de vouloir transmettre leur héritage artistique, le couple crée une fondation à leurs noms. André Wogenscky, mort en 2004, et Marta Pan, disparue quatre ans plus tard, cèdent aux futures générations un lieu ouvert au public, qui a pour mission de préserver leur patrimoine et de favoriser la recherche. Leurs réalisations, empreintes de poésie, sont le témoignage de leur communion artistique.