La marque de prêt-à-porter suédoise Acne Studios s’offre un parfum signé Frédéric Malle.

Frédéric Malle, après avoir eu l’idée du siècle (dès l’an 2000) en offrant un terrain d’expression signée, libre et sans contraintes financières aux parfumeurs qu’il appréciait lorsqu’il travaillait chez Roure, maison mère de la majorité d’entre eux, continue de creuser son sillon. Sa ­nouvelle intuition ? Faire émerger, à côté de ces super stars, de jeunes inconnus. On verra pour les suivants, mais Suzy Le Helley fait un début fracassant. 32 ans, née à Foix où dès la jeune enfance ses parents lui offrent un bout de jardin pour faire pousser les fleurs qui sentent bon, un baccalauréat peu ­commun avec ­options sciences et art puis un passage à l’Isipca (école professionnelle), la voilà chez Symrise au titre, ô combien délicat, de reformulatrice, consistant à remettre des formules à jour des injonctions européennes en tentant de ne pas changer un iota de la fragrance. Mais avec les deux voisins de bureau dont elle n’aurait jamais osé rêver : Annick Menardo, championne hors catégorie (Bois d’argent pour Dior) et Maurice Roucel maestro médaillé (Iris Silver Mist pour Serge Lutens). C’est lui qui, constatant son talent, présente la jeune Suzy à Malle qui, illico l’embauche pour un projet avec Acne Studios, la marque de mode suédoise. Résultat ? Un jus incroyable, mêlant l’originalité du jamais senti au classicisme le plus décalé, les aldéhydes oubliées au célèbre cashmeran, le santal royal à l’éthylmaltol à peine détectable. Et les muscs pas poudrés des senteurs lessivières. Comme un précipité de chimie pure absolument remarquable.