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Fendibackfrontals by BLESS_FENDI Booth at Design Miami 2023

L’ENVERS DU DÉCOR

Par LAURENT DOMBROWICZ

Présenté lors de la dernière édition de Design Miami, le projet Fendibackfrontals confronte le savoir-faire de la maison romaine à la vision radicale du duo Bless.

Ce n’est pas la première fois que Fendi (d)étonne. Derrière sa réputation de maison bourgeoise, voire classique, elle cultive le sens de l’innovation et aime se retrouver là où on ne l’attend pas. C’est particulièrement le cas lorsque l’on parle de design — la grande passion de Silvia Venturini Fendi : la griffe est partenaire de Design Miami depuis ses quasi-débuts en 2006. Plutôt que d’y montrer systématiquement de nouveaux produits griffés Fendi Casa prêts-à-vendre, on assiste annuellement à une réflexion sur l’identité de marque, sur l’art et la fonction, à travers des installations iconoclastes, loin du luxe feutré et fourré des boutiques de l’avenue Montaigne ou de la via Montenapoleone. En décembre dernier, en dévoilant sa dernière collaboration avec le duo Bless, Fendi a clairement fait le choix d’une certaine radicalité. Ce duo fondé en 1997 par Désirée Heiss et Ines Kaag, basé à la fois à Paris et à Berlin, est une figure importante et fondatrice des échanges interdisciplines.

Au fil d’une carrière de vingt-cinq ans, on retient en particulier les perruques façon Ziggy Stardust, coupées dans des manteaux de fourrure vintage pour Martin Margiela en 1998. L’installation Fendibackfrontals est donc un espace aux lectures et aux dimensions multiples. En éléments centraux, quatre paravents dont les deux faces offrent des immersions et sensations opposées et complémentaires. Un effet on stage/backstage, public/privé, véritable signature de Bless dont l’espace berlinois est d’ailleurs à la fois une boutique, une galerie d’art et un appartement. Côté recto des paravents, toute la romanité de Fendi s’exprime dans des wallscapes, photos full size des marbres du Palazzo della Civiltà Romana — siège de la maison —, de la cuisine d’un membre de la famille Fendi ou de l’ascenseur intérieur de leur flagship romain. Le parcours pour découvrir le verso des paravents est à la fois labyrinthique, initiatique et impudique. Chacun d’entre eux recrée un micro-univers en trois dimensions, réalisé dans des matériaux hautement qualitatifs, tels le bois de rose, le cuir d’agneau ou la laine mérinos. On y découvre la dimension fonctionnelle d’un mobilier minimaliste et d’espaces de stockage, éléments modestes habituellement soustraits à la vue du public. Ines Kaag et Désirée Heiss commentent cette réalisation à pile et face.

*Cet article est issu de notre numéro de Printemps 2024. Pour le lire dans son intégralité, vous pouvez vous procurer votre exemplaire en kiosque ou sur le site. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*