×
GUCCI

MILAN, UNE SAISON BIEN APPRÊTÉE

Par Laurent Dombrowicz

Avec sa thématique « Town & Country » et le style de la Princesse Anne en ligne de mire, Silvia Venturini Fendi frappe fort. Ses gentlemen farmers, qui savent se transformer en jet setters (à moins que ce ne soit l’inverse !), résument une tendance forte de la saison : entre culture et nature, pas besoin de choisir. Chez Fendi donc, les barbour revisités côtoient les kilts du soir, les amples manteaux texturés bousculent le confort du velours, le tout agrémenté de sacs évoquant des speakers (en collaboration avec le français Devialet) ou des coussins pour la siesta de rigueur chez nos voisins transalpins et ailleurs. Sur le même argumentaire ville/campagne, Miuccia Prada et Raf Simons théorisent l’équilibre de l’homme moderne. Cette collection Prada évoque de manière directe l’uniforme du bureau et le grand retour de la cravate. Cette proposition, somme toute assez classique pour la maison milanaise, est illuminée par des bonnets de bain tricotés et quelques couleurs éclatantes fort bien venues dans cet univers corporate

Les masculinités ont été souvent questionnées lors de ces défilés. Chez Gucci, où Sabato de Sarno présentait son premier opus pour hommes, le glam est omniprésent et rappelle le style Bryan Ferry avec des costumes aux coupes impeccables, une touche de glitter et quelques décolletés vertigineux. Formel en diable, le nouveau héros Dolce & Gabbana se conjugue en noir absolu : habit et lavallière, pelisse et blouse de dentelle, rien n’est too much une fois la nuit tombée. L’homme paré, brodé, apprêté, bijouté a également été vu chez Emporio Armani, en contrepoint de références militaires, une autre thématique souvent observée dans ces collections milanaises. Si les jupes sont devenues presque banales sur les podiums (masculins ou non genrés), certains créateurs franchissent une étape supplémentaire avec de la lingerie façon bas nylon pour JW Anderson, portée avec « juste un pull ». Pour Achilles Ion Gabriel, qui lançait sa griffe lors d’un défilé à Florence trois jours auparavant, c’est la combinaison en soie et dentelle qui se porte désormais sur un jean un brin destroy. Très punk et donc toujours choc, le duo JordanLuca fait défiler ses idoles et explore toutes les nuances du non-genre, bon genre. Mais pour le grand frisson, il ne fallait sous aucun prétexte rater le défilé D Squared où Dean Caten a rejoint son frère jumeau Dan pour un final en full drag.