Révérés par les parfumeurs, plébiscités par les Tiktokeurs ou encensés par les initiés, ces parfums sont à la fois objets de culte et phénomènes culturels.

La portée d’un missile balistique intercontinental, la demi-vie du plutonium, l’ubiquité des protons. Ce sillage de sucre brûlé, d’ambre et de bois flotté qui squatte notre espace aérien depuis la pandémie ? C’est celui du parfum le plus cloné de la décennie. D’autant plus facile à dupliquer que cette parfaite abstraction, à la formule d’une rigueur quasi janséniste, se structure autour de quatre matériaux de synthèse courants, mais jamais associés de cette façon : hédione (jasminée, aérienne), evernyl (mousse de chêne), veltol (barbe-à-papa), ambroxan (ambré boisé musqué). Une extension avant-gardiste du domaine des gourmands à l’odeur pourtant rigoureusement incomestible… À moins d’avoir vécu dans un caisson d’isolation sensorielle au cours des cinq dernières années, on aura reconnu Baccarat Rouge 540 de la Maison Francis Kurkdjian. Propulsée par le développement foudroyant de #perfumetok durant les confinements, sa viralité l’a fait basculer de l’univers des parfums confidentiels aux épidermes du grand public, devenant l’emblème d’un phénomène culturel : la popularisation fulgurante de la culture parfum.

*Cet article est issu de notre numéro d’automne 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*