×

JEUX DE CONS

Par CLOVIS GOUX, Illustrations Par HIPPOLYTE JACQUET

Mettre en jeu son intégrité physique offre parfois le grand frisson. Cinq divertissements parfaitement stupides qui ont inspiré le cinéma, ou inversement.

TÊTE-À-CLAQUES

Les règles

Cruelle variation de la fameuse barbichette, le tête-à-claques a été inventé durant les années 1960 par le scénariste attitré de Claude Chabrol, Paul Gégauff, pour se débarrasser des parasites qui gravitaient autour de son groupe d’amis. Le principe en est simple : deux joueurs se font face. On tire au sort : celui qui gagne donne la première claque, celui qui la reçoit ne doit laisser transparaître aucune émotion. Puis c’est à son tour de gifler son adversaire, et ainsi de suite. Toutes les ruses (faux mouvements, etc.) sont autorisées. Le premier qui craque a perdu.

Développement

C’est dans la rigoureuse Sibérie que le tête-à-claques a trouvé une terre d’élection. Chaque année s’y déroule le championnat masculin de gifles : les combattants, de rudes gaillards du cru, ont 30 secondes pour frapper le plus fort possible et 30 secondes pour récupérer. Chacun reste dans sa zone : celui qui gifle doit garder les pieds au sol, celui qui reçoit doit encaisser les mains derrière le dos, le menton relevé et les pieds parallèles. Trois rounds maximum. Les points sont accordés par des juges. Le tirage au sort est crucial : les K.O. à la première torgnole sont en effet fréquents.

Au cinéma

En 1981, le réalisateur Jean-Charles Tacchella, qui fit partie de la bande de Paul Gégauff, mit en scène cette guerre des nerfs dans deux séquences de Croque la vie : Bernard Giraudeau se débarrasse d’un flic qui vient de coucher avec son amie, le belle Carole Laure, au terme d’un violent jeu de tête-à-claques, puis organise un tournoi qui finit en baston un dimanche à la campagne. L’histoire ne dit pas si c’est à la suite d’une partie que Paul Gégauff trouva la mort, mais il fut bel et bien poignardé par sa dernière compagne, la nuit de Noël 1983 en Norvège.

*Cet article est issu de notre numéro d’Hiver 2023. Pour le lire dans son intégralité, vous pouvez vous procurer votre exemplaire en kiosque ou sur le site. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*