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JE NE SUIS PAS CELLE QUE VOUS CROYEZ

Par Maïté Turonnet

Il faut savoir reconnaître un mythe quand on en voit un. Genre Joconde, la Grande Muraille de Chine ou une Parisienne. Et ses produits de beauté… 

La Parisienne est désirable et prescriptrice depuis qu’elle fut Gauloise. Selon Jules César en visite sur place il y a plus de deux mille ans in Commentarii de Bello Gallico, “les femmes de Lutèce ne veulent plus des pagnes qu’elles portaient l’année d’avant, alors qu’ils sont encore parfaitement neufs”. Il faut toutefois attendre le xviiie siècle pour que sa réputation fasse des envieuses dans toute l’Europe. Mesdames Récamier, de Staël, du Châtelet, du Deffand sont de celles-là, qui se vêtent de robes en mousseline et tiennent salon, parce qu’une Parisienne n’est intéressante que si elle a de la conversation, sait être piquante et a lu (voire écrit) des livres. 

Précurseuses en quelque sorte de celles qui ont surfé sur la french touch via une série d’ouvrages à destination des desperate housewives de Tacoma ou Milwaukee, rédigés dans la même idée de chic et d’insolence innée. Citons, type über hype, Mireille Guiliano, que nul ne connaît de ce côté-ci de l’Atlantique mais néanmoins autrice du best-seller Ces Françaises ne grossissent pas, suivi du non moins illusoire Les Françaises ne font pas de lifting ; Caroline de Maigret, mannequin de haut lignage mariée à Yarol Poupaud, guitariste du regretté Johnny H ; Mathilde Thomas, alors sise aux USA, très entreprenante et iconique fondatrice de la marque de cosmétiques éthiques Caudalie ; ou Inès de la Fressange qu’on ne présente plus depuis 45 ans. 

Elles y déroulaient tous leurs trucs inatteignables. La jouer easy et chic en même temps. C’est-à-dire assortir un perfecto très usagé à une jupe crayon d’Alaïa, porter une paire de 12 comme si elles étaient dans des sneakers ; manger dans des restaurants très chers des choses terriblement décadentes (lièvre à la royale et sauce au sang, sushi d’anguille à 30 € pièce, kouign-amann pur beurre arrivé direct de Douarnenez, néo Saint-Tropez) ; sans oublier le bi-symbole absolu de la Parisienne : baguette et vin rouge, non seulement permis mais recommandé (particulièrement par Mathilde Thomas qui a inventé la vinothérapie). Disons un verre de Smith Haut Lafitte bu au comptoir du Flore (where else?), le tout absorbé dans l’insouciance de ne jamais prendre les 5 kilos qu’une femme normale encaisse en deux jours. Tant il est sûr, qu’au fond, tout ce que ces confessions offrent, ce sont des rêves. Dans la vraie vie, la Parisienne souvent ne l’est pas, née en “région” comme on euphémise aujourd’hui, voire vivant en banlieue (Bagnolet étant curieusement plus trendy que Neuilly), employée de bureau plutôt que top modèle, avec trois mômes et un mari qui s’endort devant la télé. 

En fait, c’est à sa diversité que l’on reconnaît la Parisienne. Elle est non seulement multiple mais aussi pas très disciplinée, peu influençable, aisée ou non, bourgeoise ou anti-conformiste, et surtout, le plus souvent possible, faisant ce qui lui plaît.

*Cet article est issu de notre numéro d’Été 2024. Pour le lire dans son intégralité, vous pouvez vous procurer votre exemplaire en kiosque ou sur le site. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*