Aux confins de la terre, au milieu des eaux ou dans les sphères célestes, quel paradis sera le vôtre ? Visite guidée de nos au-delà préférés.
FÓLKVANGR Le champ de l’armée
Dans la mythologie nordique, la valeur d’un homme dans l’au-delà se mesure à l’aune de ses exploits sur le champ de bataille. Pour preuve, la distribution des guerriers (Einherjar), après leur mort, entre le dieu Odin, au Valhalla ou Valhöll, et la déesse Freyja, au Fólkvangr. Au premier, les guerriers offensifs, dont l’existence fut vouée au combat. À la seconde, ceux qui prirent les armes pour défendre leur famille ou leur clan. Dans les deux cas, ils sont promis à un paradis de bombance, de bastons et de bières ou d’hydromel, servis par une armée de valkyries sous la supervision d’Ôlrum, “maîtresse de la cervoise”.
LE JANNAH Jardin des délices
Le Coran fait mention plus d’une centaine de fois du Paradis, le Jannah, auquel les justes accèdent en franchissant huit portes dont les battants sont séparés par quarante années de marche. Là, les hommes pieux, “parés de bracelets d’or et vêtus d’habits verts de soie fine et de brocart, […] étendus sur des trônes”, trouveront “des ruisseaux de lait dont le goût ne s’altèrera jamais, des ruisseaux de vin, délices de ceux qui en boiront. Des ruisseaux de miel pur, toutes sortes de fruits, et le pardon des péchés”, dit le Livre. Et qu’en est-il des 72 vierges promises dans l’audelà aux martyrs de l’islam hantant l’imaginaire collectif ? Ce sont les houris, des êtres célestes, jeunes femmes chastes (ni homme ni djinn ne les ont touchées), aux grands yeux marrons et aux seins ronds, superbement belles.
JÉRUSALEM CÉLESTE Le royaume de Dieu
Partirez-vous en odeur de sainteté ? Si le paradis terrestre ou jardin d’Éden est amplement décrit dans la Genèse, faisant écho au topos du paradis p erdu, i l n ’en est rien du paradis céleste. Le Nouveau Testament fait mention de la Maison du Père, mais il faut attendre les textes plus tardifs des écrivains ecclésiastiques pour s’imaginer les contours de ce royaume. On se figure facilement les mers de nuages, parcourues par des anges endimanchés, au milieu de symphonies et de la clarté divine. Les délices supranaturels s’y confondent avec ceux des sens et l’odorat y tient une p lace de choix : les Acta Sebastiani décrivent des gazons parfumés de safran, où des “brises qui apportent la vie éternelle exhalent aux narines une fragrance de nectar” ; Jean Delumeau, spécialiste du paradis céleste, estime qu’on y trouvera les arbres à encens du Cantique des cantiques, la myrrhe, l’aloès, toutes sortes de parfums et baumes suaves.
*Cet article est issu de notre numéro de printemps 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*