Mario Botta a déposé sa dernière œuvre au sommet d’une crête rocheuse de la Suisse italienne. Fiore di Petra abrite deux nouveaux restaurants panoramiques. Le maestro nous éclaire.
Citizen K International : Cher maître, quelle est l’origine du projet ?
Mario Botta : C’est une commande du petit chemin de fer du Monte Generoso, acquis dans les années 1940 par Gottlieb Duttweiler, le fondateur des supermarchés Migros. La ligne part toujours de Capolago, au bord du lac de Lugano, et monte jusqu’à 1700 mètres au Monte Generoso. C’est la montagne magique des Milanais, la dernière de Suisse avant la Méditerranée. À son sommet, du côté sud vous ressentez la plaine en distinguant Milan, et au nord, c’est un paysage plus dramatique avec des roches à pic vers le lac.
Qu’y avait-il avant les travaux ?
Un ancien hôtel construit à la fin du XIXe pour les premiers touristes qui montaient sur des ânes ou des portantines (chaises à porteurs, NDLR). C’était une belle histoire de la conquête du sommet de la montagne.
Avez-vous un lien sentimental avec cette montagne ?
Dans un certain sens, c’est une montagne qui m’appartient. Étant né dans le Mendrisiotto, dans la plaine en bas, j’y suis souvent monté adolescent pour découvrir le monde, quelquefois le matin très tôt pour voir le lever du soleil.
Quels défis techniques avez-vous surmontés pour la construction ?
Pour acheminer le matériel et laisser le site propre après la démolition de l’hôtel, nous avons construit un téléphérique provisoire qui descendait jusqu’à la vallée de Muggio, deux kilomètres et demi plus bas. Nous avons fait des milliers de voyages durant ces deux ans de travaux.
Comment expliquer la sensation de légèreté que l’on ressent à l’intérieur du bâtiment ?
J’ai placé l’édifice au même niveau que l’ancien hôtel. Nous avons élevé des tours pour donner l’impression de voler, avec un rapport de voisinage très prégnant, comme pour un vol artificiel. Les tours s’ouvrent vers l’eau, c’est pour cela que leur nom est “fleur de pierre”.