×
Broche dessinée par George Paulding Farnham pour Tiffany & Co en 1889

DIAMANTS SUR FUTON

Par LAURENT DOMBROWICZ

L’exposition Tiffany Wonder qui ouvre ce 12 avril à Tokyo met en scène à travers un parcours immersif la dimension novatrice de la griffe joaillière ainsi que son lien parfois méconnu avec le Japon et son artisanat.

A travers les différentes salles thématiques et une muséographie impeccable, on retrouve les grands « fondamentaux » de la prestigieuse américaine devenue elle-même un joyau du groupe LVMH. Une histoire unique dans l’univers de la joaillerie, qui débuta à New-York en 1837 avant de rapidement conquérir le monde grâce à une vision singulière et souvent avant-gardiste. Des techniques inédites comme l’utilisation du platine ou le fameux serti Tiffany pour les bagues de fiançailles, des pierres d’exception comme célèbre diamant jaune Fancy découvert en 1877, affichant joyeusement 128,54 carats une fois taillé (coussin) et présenté dans un nouveau collier ayant nécessité plus de 2000 heures de travail. On peut y admirer d’autres diamants, issus cette fois de la couronne de France et acquis par Charles Lewis Tiffany en 1887 et s’immerger avec une certaine langueur dans la salle consacrée aux créations de Jean Schlumberger, le fantasque Français qui transforma le langage joaillier dès le milieu des années 50. Parmi les pièces exposées, certaines n’ont jamais été montrées au public, provenant de collections privées ou acquises récemment comme l’incroyable pendentif Medusa dessiné par Louis Comfort Tiffany vers 1912 et qui nécessita plusieurs années de restauration. Un élan artistique confirmé par des collaborations hors pair comme l’étalagiste Gene Moore ou la directrice artistique Elsa Peretti qui insuffla son flair européen et son sens de la liberté. 

C’est d’ailleurs dans la salle consacrée au Japon que le talent de cette dernière hurle sa modernité avec ses bijoux-objets réalisés en laque, bambou ou cordons de soie issus de la tradition shintoïste. De cette histoire d’amour américano-nipponne, on retiendra aussi les étonnantes lampes en verre cloisonné aux motifs de libellule ou de glycine que la bourgeoisie américaine s’arrachait au début du XXè siècle dans le sillage de l’Art Nouveau.

A travers cette exposition, Tiffany rappelle aussi que son histoire est en mouvement, avec les icônes de la pop culture que sont Lady Gaga et Beyoncé (pour ne citer qu’elles) et que la boîte bleue n’a pas fini de livrer ses trésors. 

TIFFANY WONDER
Tokyo Node
Toranomon Hills Station Tower
Tokyo
Du 12 avril au 23 juin 2024