×
KATHARINA GROSSE / ESPACE LOUIS VUITTON

La Biennale dévoile des oeuvres hors les murs

Par Laurent Dombrowicz

COLLATERAL

La Biennale se poursuit hors les murs des pavillons nationaux des Gardini et de l’Arsenale avec des expositions majeures. En envahissant la prestigieuse Sala dello Scrutinio du Palais des Doges, Anselm Kiefer n’usurpe pas son surnom d’alchimiste de l’art contemporain. Ses œuvres, qui envahissent littéralement cet espace gigantesque, donnent un avant-goût d’apocalypse (le Faust de Goethe en est le point d’origine) et représentent, selon les experts les plus avertis, le climax de sa carrière. La confrontation de ses matières riches avec les ors des plafonds baroques restera en tous cas dans les mémoires.

Anselm Kiefer. Questi scritti, quando verranno bruciati, daranno finalmente un po’ di luce / Venise, Palazzo Ducale – Sala della Quarantia Civil Nova & Sala dello Scrutinio, jusqu’au 29/10/2022

A l’Espace Louis Vuitton, c’est l’Allemande Katharina Grosse qui dévoile Appolo, Appolo, œuvre/installation unique d’un monumental drapé en maille métallique imprimé. Plus connue pour ses peintures au pistolet, l’artiste nous happe dans un dédale d’émotions, « oscille entre surface, texture, image et objet, entre ordre et désordre, destruction et création, tension et libération, contrainte et fluidité de mouvement », détaille le texte de présentation, comme cette basket que l’on devine sous l’éclat de cette toison articulée. Les photos imprimées sur cet écran/écrin de lumière ne révèlent jamais leur mystère, qui s’épaissit à mesure qu’on s’en rapproche. Un immense talent à retrouver lors de l’exposition La Couleur en fugue à la Fondation Louis Vuitton, à Paris, à partir du 4 mai.

Katharina Grosse, Appolo, Appolo , Espace Louis Vuitton, Venise, Calle del Ridotto 1353, jusqu’au 27/11/2022

MAIS ENCORE….

Le Palazzo Grassi, l’un des deux lieux de la Collection Pinault à Venise, déroule le tapis rouge à l’artiste sud-africaine Marlene Dumas pour une exposition monographique qui fera date. Ses portraits trouvent ici un cadre solennel et révèlent d’autant mieux leur violence. Au programme : peintures à l’huile ou dessins à l’encre de formats divers, dont l’inspiration se trouve aussi bien dans des revues pornographiques que dans un panthéon de figures rebelles comme Rimbaud, Genet ou Brando. Il est question de sexe, de souffrance, d’enfants aux jeux morbides et, bien entendu, du questionnement de l’acte de peindre dans une société saturée par les flux d’images qui nous entourent.

Marlene Dumas, open-end, Palazzo Grassi, jusqu’au 08/01/2023