×
César et le trophée de la cérémonie. © D.R.

César Baldaccini, l’homme derrière le trophée des César 

Par Sirine El Ansari

À l’approche de la cérémonie des César le 24 février prochain, Citizen K se penche sur les origines du trophée iconique en bronze, dont le nom a été emprunté à son défunt auteur, César Baldaccini. 

Bloc de bronze compressé d’environ trente centimètres reconnaissable entre mille, le trophée de la soirée la plus importante du cinéma français s’est fondu dans le décor des César depuis son introduction en 1976, la sculpture étant pourtant loin des statuettes dédiées aux lauréats des grandes cérémonies de remise des prix.  Non conformiste et original à souhait, le trophée des César provient tout droit du génie du sculpteur César Baldaccini. 

César Baldaccini naît en 1921 à Marseille, de parents italiens originaires de Toscane qui tenaient un bar dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai. Ses premiers pas artistiques se font seuls pour celui qui se qualifie “d’autodidacte absolu”, avant de suivre une formation à l’École supérieure des beaux-arts de Marseille de 1935 à 1937 puis aux Beaux-Arts de Paris en 1943. Artiste désargenté à ses débuts, Baldaccini travaille les matières premières bon marché, comme la ferraille dont il tire ses œuvres phares Chauve-Souris (1954) et le Poisson (1955). En 1960, il découvre la presse hydraulique chez un ferrailleur : César est conquit par la radicalité de l’acte de compression. Des canettes de soda (Compression Coca Cola, 1990) aux voitures (La Suite milanaise, 1998) en passant par la réalisation de bijoux en or compressé, tout passe entre les plateaux de la presse de César. En plus de la compression, le célèbre sculpteur, qui s’est éteint en 1998 à Paris à l’âge de 77 ans et repose depuis au cimetière du Montparnasse, sera l’auteur de deux autres concepts : l’expansion, réalisée avec de la mousse de polyuréthane qui gonfle au moment d’être déversée (Expansion n°14, 1970), et les empreintes humaines, avec la série de pouces géants réalisés entre 1965 et 1998, dont un qui trône sur le parvis de La Défense depuis 1994. 

C’est Georges Cravenne, père fondateur de l’Académie des arts et techniques du cinéma et de la cérémonie des César, qui eut l’idée d’une soirée de remise de prix de haut standing, à l’image des Oscars de l’autre côté de l’Atlantique. Au lancement de l’événement en 1975, Cravenne demande à son ami et sculpteur César Baldaccini de penser à une statuette de récompense pour cette nouvelle célébration du septième art, et les premières créations de l’artiste se retrouvent entre les mains des plus grandes figures du cinéma lors de cette soirée d’inauguration. Hélas, sa statuette masculine entourée d’une bobine de film reçoit un accueil mitigé, les acteurs et artisans du cinéma la trouvant trop similaire à la statuette des Oscars. À ce moment-là, César mise sur un retour aux sources et propose à Cravenne une compression en bronze laquée d’or. Le reste appartient à l’histoire.