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© IHG Hotels & Resorts

L’innarêtable Antoine Dupont

Par Sirine El Ansari

Si le patronyme Dupont est des plus communs en France, les performances sportives d’Antoine font de lui un joueur exceptionnel dont le nom restera marqué dans l’Histoire du rugby. Rencontre avec le demi de mêlée et capitaine du XV de France autour de sa pratique, son attachement aux Pyrénées et son amour pour l’hôtellerie.

Citizen K : A 26 ans, vous faites preuve d’une grande humilité, alors même que vous avez été sacré meilleur joueur de rugby du monde en 2021. Que penserait aujourd’hui le petit enfant des Pyrénées que vous étiez de cette distinction internationale ? 

Antoine Dupont : Il serait très impressionné par cette consécration et le chemin parcouru, mais j’essaie surtout de faire en sorte que cela n’ait aucun impact sur la personne que je suis. C’est important pour moi de rester le même que ce petit enfant des Pyrénées, en plus calme.

C’est cet attachement au terroir de votre enfance qui vous permet de garder les pieds sur terre ? 

En tout cas, c’est là-bas, dans les Pyrénées, que je me ressource pleinement. Ce rapport à la nature, à ma famille et à sa terre me permet de me reconnecter à moi-même. C’est vital pour moi.

L’an passé, vous avez choisi de reprendre le domaine de Barthas, à Castelnau-Magnoac, qui appartenait à vos arrière-grands-parents. Cette année, vous signez un partenariat avec le groupe hôtelier IHG Hotels & Resorts pour la nouvelle version de son programme de fidélité IHG One Rewards. Dans une autre vie, auriez-vous emprunté le chemin de l’hôtellerie ? 

Je possède, à travers mon histoire familiale, une culture de l’hôtellerie et de la restauration. Mais mon métier de sportif m’oblige à souvent voyager pour mes matchs ! J’aime séjourner dans des hôtels qui me ressemblent, comme le Kimpton Saint-Honoré à Paris. C’est pour ça que j’ai collaboré avec IHG Hotels & Resorts, pour faire vivre des expériences uniques aux membres IHG One Rewards et montrer que chez IHG, on est choyés pour n’avoir rien d’autre à faire que de profiter ! C’est ce que je ressens lorsque je voyage. À partir de février, nous exposerons mes ballons de rugby dédicacés dans tous les établissements IHG Hotels & Resorts en France et, le week-end de la finale de la Champions Cup, le 20 mai, les équipes hôtelières offriront un ballon à un client chanceux dans chaque hôtel en remerciement de son séjour. C’est agréable de boucler la boucle, d’une certaine manière.

Vous avez grandi au cœur d’une métairie, dans la campagne entre la Gascogne et la Bigorre. L’Occitanie a-t-elle fait de vous un mangeur épicurien ? 

Absolument ! Mais pour le moment, le mangeur épicurien est en hibernation pour laisser la place au sportif de haut niveau. Les moments de break dans la saison sont plutôt rares, j’essaie d’en trouver comme je peux, mais je dois évidemment faire très attention à mon équilibre alimentaire. Pour l’instant, les plaisirs gourmands, c’est avec parcimonie, mais quand ma carrière sera terminée, il est très probable que je me rattrape !

Le Comté-Tolosan est le vin de votre village de naissance, Castelnau-Magnoac. La prochaine étape au domaine de Barthas pourrait-elle être la naissance d’un vignoble au nom de votre domaine ? 

Pourquoi pas, nous avons plusieurs projets de développement et de diversification avec le domaine de Barthas. Ce n’est pas une mauvaise idée, le vignoble. Je vais en parler à mon frère !

Votre grand frère Clément, avec qui vous gérez le domaine familial, est éleveur de porcs noirs à Castelnau-Magnoac. Il a commencé le rugby avant vous. Vous dites d’ailleurs que c’est votre premier adversaire dans la vie. Continuez-vous à jouer l’un contre l’autre ? 

On ne s’affronte plus vraiment, mais il peut nous arriver d’échanger quelques passes dans le jardin familial. Aujourd’hui, nous sommes surtout partenaires à Barthas, donc mieux vaut ne pas s’affronter en dehors pour garder une bonne relation « frères-business ».

On dit de vous que vous êtes un grand compétiteur et que vous détestez perdre. Est-ce un défaut ou une qualité selon vous ?

Je crois que c’est le moteur de tous les sportifs de haut niveau. Si vous ne détestez pas assez la défaite, cela peut être préjudiciable. Dans le contexte du sport de haut niveau, je dirais que c’est plutôt un atout, mais dans la vie de tous les jours, ça peut être un peu plus pénible…

Hors du terrain, vous semblez être quelqu’un de très occupé. Que faites-vous pour lâcher prise et revenir plus fort ? 

Le retour à la maison de famille me fait justement toujours beaucoup de bien pour déconnecter : j’en profite pour lâcher mon téléphone et revenir aux choses essentielles de la vie. Dès que j’ai une coupure un peu plus longue, j’aime voyager, découvrir de nouveaux pays, de nouvelles vies et de nouvelles cultures. C’est aussi une bonne façon de s’évader en très peu de temps. 

Chacune de vos performances mettent le feu au stade. Être joueur professionnel, c’est un peu être un showman aussi, non ? 

Dans certains sports peut-être, en tout cas bien plus que dans le rugby. Dans notre discipline, les notions d’équipe et d’humilité sont primordiales. Effectivement, on ne peut qu’être exposé quand on joue dans des stades de 80 000 places, mais il faut savoir jouer simplement et sobrement, et choisir les bons moments pour prendre davantage de risques. Ce serait une erreur au détriment de l’équipe de vouloir faire le show systématiquement.

Votre première Coupe du monde a été celle de 2019 au Japon. En 2023, vous participerez à votre seconde Coupe du monde, cette-fois ci en tant que capitaine des Bleus sur le sol français. Lors d’une compétition de haut niveau comme celle-ci, comment vous préparez-vous mentalement avant chaque rencontre ? 

J’essaie surtout de rester le même le plus longtemps possible. De ne pas me « monter la tête » trop tôt dans la journée de match. Je pense que c’est avec les idées claires que je performe le mieux. C’est aussi une bonne façon de prendre le même plaisir que lorsque l’on jouait dans des équipes de jeunes, avec moins d’enjeux. 

Quelle est la chose à votre propos qui étonnerait beaucoup de gens ?

Malgré ma routine de sportif, je suis un gros dormeur et je ne suis pas du matin. Quand la journée est lancée, je suis plutôt très actif, mais j’ai un mode on/off qui fonctionne très bien : si vous voulez bien vous entendre avec moi, c’est mieux de me laisser en off en début de journée.