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Portrait de Fath ‘Ali Shah, attribué à Mihr ‘Ali, 1800-1806, huile sur toile Crédit Photo: Musée Du Louvre, Dist, RMN Grand Palais

Cartier rend hommage aux trésors de l’Islam

Par CHRISTOPHE VACHAUDEZ

« Cartier et les Arts de l’Islam » : l’exposition à ne pas manquer.

Les arts et l’architecture de l’Islam ont influencé le vocabulaire décoratif de nombreuses disciplines et la joaillerie ne fait pas exception. En collaboration avec le musée du Louvre, le musée des Arts décoratifs confronte nombre de trésors, qu’il s’agisse notamment de textiles, de céramiques ou d’ivoires sculptés, aux bijoux qu’ils ont inspirés aux créateurs de la maison Cartier… Un face-à-face inédit et captivant. Au début du XXe siècle, Paris s’est imposé comme le haut lieu du commerce de l’art islamique et relaie cette position prééminente à travers des expositions qui attirent amateurs et collectionneurs. Ces cultures “exotiques” stimulent l’imagination des ateliers qui, sous la houlette de dessinateurs talentueux comme Charles Jacqueau, chez Cartier, livrent quantité de créations aux lignes novatrices, propices à séduire une clientèle exigeante, en constante quête d’originalité.

Les figures de Louis et Jacques Cartier ne sont pas étrangères à ce renouvellement continuel. Ils y sont au contraire particulièrement attentifs. Ce sont eux qui président aux destinées de la prestigieuse enseigne créée en 1847 mais dont le succès culmine à la fin du XIXe siècle, une époque qui voit triompher le style guirlande, transcription joaillère du Louis XVI. Louis envoie ses artisans sillonner les artères de la Ville lumière afin de croquer les plus intéressants détails architecturaux et de les transposer dans de somptueux bijoux. Il en sera ainsi pour les arts de l’Islam mais cette fois, les ateliers piochent dans les recueils de la bibliothèque du joaillier, qui collectionne aussi objets et œuvres d’art islamiques. Plus tard, Jacques s’embarque pour l’Inde et découvre des techniques qu’il va faire adapter à son retour.

De nouvelles typologies conquièrent bientôt la clientèle européenne tandis que tout concourt à la création de bijoux étonnants qui illustrent cet intérêt poussé pour les styles venus d’ailleurs. Et si les premiers exemples peuvent être datés de 1904, avec des pièces aux tendances géométrisantes qui préfigurent l’Art déco, le fil rouge traverse les époques jusqu’aux années 40, livrant aigrettes, diadèmes, poudriers, collerettes et quantité de merveilles. Riche de 500 œuvres, l’exposition présentée à Paris crée déjà l’événement !

CARTIER ET LES ARTS DE L’ISLAM. AUX SOURCES DE LA MODERNITÉ, Musée des Arts décoratifs, Jusqu’au 20 février 2022