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D.R.

Le bourrelet sublime de Michaela Stark

Par LAURENT DOMBROWICZ

Michaela Stark est Australienne mais elle a le teint de porcelaine des Anglaises. Le visage innocemment joufflu d’une nymphe de Rubens et du même peintre les rondeurs douces, voire confortables. Autant dire une insulte dans une époque où, entre la quasi anorexie des top-modèles et les courbes plastifiées des stars de télé-réalité, aucun autre type de corps n’avait droit de cité. Être à la mode, ou être la mode elle-même, jamais Michaela Stark ne s’est posée la question, pourtant, elle semble avoir réussi son pari. De sa ville natale où elle ne trouvait pas grand-chose à se mettre, excepté dans un outlet nommé Big Girls don’t Cry (anymore), à son statut d’icône underground du bonnet F, elle a fait sa révolution par une approche pluridisciplinaire. Par la création de lingerie tout d’abord, avec des pièces couture, souvent asymétriques et parfois imaginées autour d’éléments vintage. Par la photo et la performance ensuite, où elle expose son corps en le chorégraphiant. “Mon travail est la célébration de parties du corps dont la société nous pousse à avoir honte. La lingerie que je crée ou que j’utilise accentue ces soi-disant imperfections comme les bourrelets, la cellulite, l’asymétrie des seins ou les poils. Mon but est d’aller à l’encontre de toutes les normes dont l’industrie de la beauté et de la mode nous abreuve de force.” Sur une scène, comme récemment au centre culturel parisien 3537 dédié à la création contemporaine avec le concours amical de Jean Paul Gaultier, ou bien sur un podium lors du dernier défilé Pressiat, Michaela Stark fait œuvre de sa chair, la twistant dans ses propres replis ou ceux créés par la fameuse lingerie souvent et volontairement undersized. Avec sa performance baptisée Stark Naked, l’artiste (dés)habille les clichés dans une ode aussi perturbante que généreuse.