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AVEC GAB BOIS, C’EST DÉFINITIVEMENT DANS LES VIEUX POTS QU’ON FAIT LES MEILLEURES CONFITURES

Par ZOE TEROUINARD

Ou plutôt, dans les vieux écouteurs qu’on tricote les meilleures cagoules.

« J’étais vraiment une adolescente Tumblr », avoue Gab Bois, artiste et photographe canadienne qui transforme les petits objets du quotidien en véritables œuvres d’art. CitizenK l’a rencontrée dans le cadre de sa collaboration avec l’enseigne de produits électroniques de seconde main Back Market. Visiblement séduite par sa capacité à sublimer n’importe quel objet, la marque a proposé à la plasticienne d’imaginer une collection capsule d’accessoires à partir d’objets vintage. Attention : coup de vieux garanti.

La chasse au trésor

Sauvés de la poubelle, les appareils photo numériques et les webcams rétro deviennent de petites pochettes ultra-mignonnes ou des bougeoirs design. Baptisée F/W 2005: Hardwear, cette collection d’accessoires inédits est une ode à tout ce qui constitue l’identité de la Montréalaise : l’esthétique Y2K et la préservation de petits trésors dont elle seule perçoit le potentiel. « J’ai toujours été très créative, même enfant. J’aimais collectionner des objets uniques comme de petits bâtons en forme de cœur ou des pierres en forme d’étoile, » nous explique la jeune femme de 27 ans. « Une grande partie de mon enfance était dédiée à collecter des mini-gommes effaçables ou des pass de bus, dont le design changeait chaque année. »

Une passion pour les babioles qui ne l’a jamais quittée, même à l’âge adulte. « Je voulais toujours maintenir une expression créative dans ma vie, même si ce n’était pas nécessairement un cheminement de carrière à l’époque, » confie celle qui se destinait à devenir enseignante en école maternelle. « Pendant mes études, j’ai commencé à prendre des photos juste pour le plaisir, avant ou après les cours. Au Québec, nous avons ce qu’on appelle le Cégep—une école de deux ou trois ans entre le lycée et l’université—où les étudiants peuvent explorer différents centres d’intérêt avant de s’engager dans des études spécifiques. J’ai donc décidé d’étudier les arts visuels pendant ces deux années, car cela correspondait à mes passions. »

C’est décidé : ce goût pour le détournement des objets, Gab Bois en fera la source même de son art. Un art délicieusement littéral, articulé autour du recyclage de matériaux abandonnés. « Encore aujourd’hui, c’est dans les brocantes que je découvre les pièces les plus uniques, celles qui ont leur propre histoire. Je suis convaincue que les déchets des uns sont les trésors des autres. Cette conviction inspire une grande partie de mon travail, » détaille l’artiste, qui se révèle rapidement être la personne idéale pour proposer une nouvelle vision des pièces informatiques désuètes des années 2000 et leur offrir, au passage, de nouvelles fonctions.

Luxe et seconde main

Grâce à son imagination, des appareils tech destinés à la déchetterie se transforment en accessoires ultra-pointus, dignes d’être portés par les plus grandes icônes de mode lors des Fashion Week ou autres soirées mondaines. Et pourtant, difficile d’imaginer que de vieilles puces de téléphone pourraient se porter au bout des ongles, qu’un téléphone à clapet deviendrait une ceinture (voire un top) ou qu’un vieux baladeur CD se transformerait en miroir de poche.

« Les discussions avec les équipes de Back Market autour de ce projet, qui associe technologie remise à neuf, mode et arts, ont émané de leur désir de se connecter plus profondément avec les jeunes créatifs de leur public, tout en transmettant des messages sur le potentiel séduisant de la remise à neuf, » détaille Gab Bois. Pour elle, « luxe et seconde main sont deux notions totalement compatibles ». « Le savoir-faire artisanal derrière les produits en édition limitée les rend luxueux par définition, car ils incarnent un vrai effort de recherche et de développement tout en célébrant l’exclusivité grâce à leur faible quantité. »

En effet, seules 75 pièces pour 6 modèles sont disponibles à la vente !

Les préférées de Gab Bois ?

« Le porte-monnaie pour appareil photo, dont j’adore le design épuré, et le bougeoir-webcam, qui conjugue une forme familière avec un assemblage innovant, incarnant un minimalisme parfaitement adapté à l’esthétique moderne, » avoue-t-elle.

Portées par la mannequin Julia Fox dans une campagne inspirée des paparazzades des années 2000, ces pièces sont mises en valeur par une direction artistique parfaitement alignée avec le style de Gab Bois. « Harmoniser ma vision personnelle avec les ambitions de la marque s’est fait naturellement tout au long de cette collaboration. Tout ce que nous avons créé semblait authentique. Les éléments tech s’intègrent parfaitement dans ce que j’ai déjà exploré sur le plan artistique, sans que je n’aie jamais eu à compromettre mon identité. »

Un mariage réussi, soutenu par une initiative philanthropique : l’ensemble des bénéfices de la collection sera reversé à la coalition Right to Repair Europe, qui milite pour le droit à la réparation des appareils électroniques et électroménagers.

Comme quoi, faire du beau avec du vieux, ce n’est pas impossible : il suffit d’un peu de créativité.