×

Audrey Bertoia, peintre … mais pas que.

Par ZOÉ TEROUINARD

Des corps qui respirent le soleil. Des toiles d’où semblent s’échapper des effluves de monoï et l’odeur des pages d’un livre neuf. Mais aussi la figuration de la montagne, de la mer, des fleurs et des rêves. Douces et colorées, les toiles d’Audrey Bertoia sont une invitation à la flânerie et autres pérégrinations oscillant entre réalisme et onirisme. Chez la jeune artiste, pas de frontières, que des ponts permettant de passer d’un monde à l’autre. Et c’est avec une aisance sans pareille que cette Lyonnaise d’origine va et vient entre peinture à l’huile et mode, fresques murales et céramiques, rêverie et réalité… Après tout, ne dit-on pas qu’ “à cœur vaillant rien d’impossible” ? Comme une éclaircie dans la grisaille du mois de février ou une pâquerette annonçant l’arrivée du printemps, Audrey Bertoia nous a embarqués avec elle dans son monde surréaliste le temps d’une Karte Blanche pleine de poésie. 

En ce moment, on assiste au retour de l’hyperréalisme en peinture, dont tu sembles être l’une des représentantes. Pourtant il y a aussi quelque chose de très irréel dans ton travail, de presque surréaliste même. Peux-tu nous parler de tes inspirations ?

Je dirais que mes inspirations sont à l’image de mes peintures : elles se situent à la fois dans le monde réel, dans toutes les petites choses du quotidien qui peuvent me toucher comme la couleur d’un ciel ou le reflet sur la peau d’une personne, et dans des symboles qui émanent de mon imaginaire lorsque j’écoute de la musique, que je lis un livre ou que je rêve. C’est un peu pour ça que je peins, c’est une manière pour moi de faire fusionner ces deux univers, réel et fantasmé, au sein d’une même image. 

La nature, que ce soit la mer ou la montagne, a l’air de tenir une grande place dans ton travail. D’où te vient cet amour du paysage ?

J’ai toujours été très inspirée par la nature. J’ai eu la chance de grandir à la campagne, dans une petite ville proche de Lyon et des Alpes, donc j’ai passé la plus grande partie de mon enfance à jouer dehors, et c’est là que j’ai pu exprimer le plus ma créativité, en inventant des mondes imaginaires ou des aventures avec mon petit frère quand on marchait dans la montagne. Je pense que cette notion de projection dans le paysage ne m’a jamais vraiment quittée, et m’habite encore aujourd’hui. Tout cet univers montagnard que j’ai pu connaître enfant a teinté mon imaginaire.

Tout ça a aussi été très encouragé par ma mère, qui m’y a beaucoup emmenée. On crée depuis plusieurs années des groupes de marche, composés uniquement de femmes, et on arpente la montagne durant plusieurs jours. Ces expériences sont des espaces qui sont de vrais lieux de liberté, d’émancipation pour les femmes. Et ce sont des choses que j’essaie de transmettre dans ma peinture. 

Tu as l’air d’entretenir un rapport privilégié avec la mode. On a vu notamment tes œuvres déclinées sur des chemises Jacquemus, et tu crées d’ailleurs toi-même des vêtements à partir de tes travaux…

Le design et la mode m’ont toujours attirée car je trouve qu’ils sont le pont parfait entre l’art et la vie. C’est une manière d’insérer des peintures, des visuels dans notre quotidien et j’ai toujours pensé mes peintures pour qu’elles puissent exister dans ce quotidien. Le fait de pouvoir porter des œuvres en s’habillant, je trouve que c’est la plus belle manière de faire vivre l’art dans la vie de tous les jours.

Tu peins sur des toiles, mais tu t’amuses aussi avec les supports et les échelles. Tu as notamment réalisé des fresques, tu fais de l’artisanat en créant des bijoux ou des objets en céramique… Est-ce que cette notion de polyvalence est importante pour toi ? 

J’aime beaucoup faire des fresques dans des salons de particuliers ou pour un restaurant, faire des bijoux, des chemises et toutes sortes d’objets qui vont, encore une fois, s’inscrire dans notre quotidien. C’est très important pour moi que la peinture puisse sortir de son cadre et de jouer avec ces frontières entre art et vie, design et art, et faire coexister tous ces mondes assez naturellement. 


Vidéaste : Ervin Chavanne
Journaliste : Zoé Terouinard
Merci au restaurant Bonhomme pour l’accueil