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2016 : montre de haute joaillerie Diamond Fury, sertie de 4 635 diamants

Audemars Piguet au temps des femmes

Par HERVÉ GALLET

Depuis sa création, au XIXe siècle, Audemars Piguet réalise des montres pour femmes. Un savoir-faire toujours d’actualité, à la croisée de l’horlogerie et de la joaillerie… 

Dans l’Union européenne, sur une population avoisinant les 450 millions d’habitants, la moitié environ sont des femmes. Soit quelque 225 millions de poignets féminins à habiller d’une montre. Un tel chiffre donne évidemment des idées aux manufactures, soucieuses de répondre aux attentes de cette clientèle qui, au-delà de l’attrait esthétique, s’intéresse de plus en plus à l’aspect purement horloger. Tel est le cas de la marque Audemars Piguet, très impliquée dans ce domaine d’expression, et ce depuis bien longtemps déjà.

Après avoir fondé leur maison en 1875, Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet réalisent leurs premières montres féminines dès les années 1890. Ces pièces comportent de très petits mécanismes compliqués intégrés dans des pendentifs, des broches ou des bagues, souvent ornés de boîtiers émaillés sertis de pierres précieuses. Le début du XXe siècle voit naître dans les ateliers du Brassus, en Suisse, les premières montres-bracelets pour dames. Chez Audemars Piguet, la période est propice aux exploits en matière de miniaturisation et l’on assiste à la naissance de véritables chefs-d’œuvre aux frontières de l’art et de l’horlogerie. 

On a coutume de considérer que c’est dans le registre des montres féminines que les designers ont toujours manifesté le plus d’audace et de créativité. Preuve en est donnée dans les années 30 par l’exploration de l’Art déco, puis du style Streamline, savamment interprétés par les horlogers Audemars Piguet pour mettre en valeur leurs complications sophistiquées. Toute la période d’après-guerre est également marquée par une explosion de montres aux formes follement déstructurées respirant l’air du temps des décennies 50 et 60. Les années 70 remettent en pleine lumière la magie joaillière au travers de parures extravagantes indiquant l’heure dans un feu d’artifice de pierres précieuses.

Coup de tonnerre en 1976 avec le lancement de la première Royal Oak pour dame dans un diamètre réduit à 29 mm. Les années 80 et 90 voient la manufacture cultiver à la fois technologie du quartz et savoir-faire de la haute horlogerie traditionnelle pour proposer des montres-bijoux et des chefs-d’œuvre de haute horlogerie. En 1996, “The Beast” se féminise. Comprenez : la Royal Oak Offshore, emblématique modèle masculin survitaminé, adopte un diamètre de 30 mm et passe en mode séduction raffinée et colorée.

L’entrée dans le XXIe siècle ne fait que confirmer la capacité de la maison à s’adresser en parallèle aux deux sexes. Depuis l’an 2000, Audemars Piguet ne manque pas de dévoiler régulièrement des pièces, parfois uniques, se hissant au sommet de l’horlogerie comme de la joaillerie. Une éblouissante collection spécifique a même été créée en 2013, l’une de ses pièces, une montre-manchette, réunissant 12 000 diamants et saphirs. 

Retour à l’horlogerie plus traditionnelle en 2015 avec la collection Millenary exclusivement féminine, caractérisée par la forme elliptique de son boîtier, son cadran asymétrique et son architecture tridimensionnelle, sans oublier son mouvement mécanique à remontage manuel. En 2019, la collection Code 11.59 joue une partition quelque peu différente en s’adressant à elle comme à lui dans un diamètre unisexe de 41 mm répondant aux nouvelles aspirations des amatrices d’horlogerie d’aujourd’hui. Entre-temps a été dévoilée en 2018 la première Royal Oak Concept destinée à ces dames, combinant diamètre spécifique (38,5 mm), sertissage de diamants et tourbillon volant.

Cette année 2021 aura justement été placée sous le signe de la Royal Oak. Au fil des mois sont ainsi apparus des modèles au caractère très affirmé. À commencer par le modèle Frosted Gold Double Balancier Squelette 37 mm. Outre le spectacle offert par le cadran ouvert laissant le regard plonger au cœur du mouvement, le boîtier en or martelé offrant un effet scintillant et la lunette rainbow ornée de 32 pierres de couleur (rubis, tsavorites, émeraudes, topazes, tanzanites, améthystes, saphirs…) confèrent à la Royal Oak un visage inédit.

Dans un esprit tout aussi joaillier, deux autres nouvelles déclinaisons 37 mm combinent cadran aux nuances tendres et sertissage coloré, dans des harmonies de beige et d’orange ou de gris et de rose.

Autre diamètre, autres fonctionnalités, autre palette : une Royal Oak chronographe automatique de 38 mm a vu le jour cette année, présentant pour la première fois une lunette sertie d’améthystes violettes taille baguette autour du cadran caméléon. Ses tons violets évoluent en fonction de l’angle et de la lumière sous lesquels la montre est observée. Un parti pris esthétique ultra raffiné.

Mais comme Audemars Piguet aime décidément jouer autant avec les styles qu’avec ses propres codes, des versions automatiques 34 mm remarquables de sobriété viennent de s’ajouter à la famille Royal Oak, réalisées en acier, en or rose, dans une combinaison des deux métaux ou, pour la première fois, en céramique noire. De quoi rallier tous les suffrages des amatrices d’horlogerie.