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Daniel Arsham rend hommage au Corbusier à la Cité Radieuse

Par Justine Sebbag

Jusqu’au 25 septembre, l’artiste new-yorkais Daniel Arsham investit le MAMO – centre d’art de la Cité Radieuse, fondé par Ora Ito, et présente l’exposition in situ « Le Modulor du Basketball » en hommage au Corbusier. 

Né en 1980 à Cleveland dans l’Ohio, Daniel Arsham passe la majeure partie de son enfance à Miami, où des années plus tard, il fait la rencontre capitale d’Emmanuel Perrotin. Depuis l’exposition collective Miami Nice en 2004, la galerie suit la carrière de l’artiste avec attention. Véritable touche à tout, Arsham explore l’architecture, la scénographie, le cinéma et plus récemment la mode – il vient de lancer sa propre ligne de vêtements sous le label Objects IV Life. Destinés à durer le plus longtemps possible, ces vêtements utilitaires font écho à la démarche plastique de l’artiste, qui développe depuis plusieurs années une esthétique et un concept d’archéologie « du futur ». À travers le moulage d’objets dans des matières géologiques telles que les cristaux, le sable ou les cendres volcaniques, il fabrique des « reliques futures du présent » qui donnent l’impression d’avoir été tout juste sorties de terre. 

Cet été, Daniel Arsham poursuit sa réflexion autour du concept d’Histoire, cette fois-ci à partir d’objets issus de la pop culture. Si le sport – le basketball en particulier – est un thème récurrent dans le travail de l’artiste, l’exposition « Le Modulor du Basketball » a comme particularité de rendre un hommage coloré au célèbre architecte Le Corbusier. Après avoir découvert via une archive que la salle d’exposition de la Cité Radieuse était anciennement un gymnase, Daniel Arsham détourne le Modulor du Corbusier, qui rappelle le motif du Jumpman de Jordan avec son bras levé. Sur le sol de ce terrain de basketball imaginaire, les jaune et bleu pastels jouent avec le langage Corbuséen en faisant référence au Poème de l’Angle Droit (1955). Le soleil, fusionnant avec un ballon, est omniprésent. En plus de dessiner les zones de jeu, il se déploie sur les bannières, les drapeaux et les uniformes des joueurs. 

Rien n’est laissé au hasard dans cette installation où les œuvres de Daniel Arsham et du Corbusier se répondent en chassé-croisé. Prenant la forme de la Main Ouverte, le panier de basket est incrusté de cristaux pour signaler son érosion – et la touche personnelle de l’artiste. Quant aux racks de rangement pour ballons, ils épousent la forme des chaises longues emblématiques LC4 et LC2 de l’architecte franco-suisse. Sur le toit-terrasse du MAMO, on trouve trois sculptures, deux Venus et une DeLorean. Arsham fait ainsi dialoguer les mythes et les époques en choisissant de mettre côte à côte des statues de l’Antiquité et la machine à remonter le temps de “Retour vers le Futur”. Superposant les temporalités et les références, l’exposition fait écho à la diversité culturelle et architecturale de la ville de Marseille tout en rendant un hommage flamboyant au Corbusier.