Tic, le temps s’écoule. Tac, chaque seconde rapproche de l’inconnu ! Angoisse ou espoir ? Les horlogers ne détiennent pas les clés des portes du Paradis, mais leur lien intime avec l’infini céleste et la quête d’éternité leur permet d’en capturer un fragment. Un jardin d’Éden à glisser au poignet.
La mesure du temps tisse un lien entre le ciel et la Terre; entre les mouvements des astres et la vie humaine. Autrefois, les cadrans solaires, les premières horloges, les clochers ont rendu concret un phénomène abstrait et rythmaient les journées. Aujourd’hui, certaines montres perpétuent ce dialogue avec les étoiles et retranscrivent leur ballet à travers des complications dédiées.
D’autres capturent une beauté hors du temps, à l’aide des métiers d’art et des savoir-faire horlogers, transformant chaque cadran en sanctuaire. D’autres encore ne se soucient même plus de cela, “garder le temps”, et explorent une dimension mystique et philosophique, follement inventive.
En horlogerie, croquer dans la pomme de la connaissance ne bannit pas du Paradis.
CIEL ! QUELLE HEURE EST-IL ?
L’horlogerie est liée à l’astronomie. Depuis l’aube de l’humanité, la maîtrise du temps a façonné la civilisation. Franco Cologni l’écrit dans l’avant-propos de La Conquête du temps de Dominique Fléchon: “Le défilement des minutes est lié au mouvement de l’univers et les garde-temps escortent le développement de la civilisation humaine depuis ses berceaux (Mésopotamie, Grèce, Chine), jusqu’aux sommets de l’Église mé-diévale, patronne d’un temps qui se réfère directement à Dieu.”
Comprendre les mouvements des astres, et affiner la mesure du temps ont permis des développements majeurs, notamment en matière de navigation. Au xvIIre siècle, le chronomètre de marine – mis au point par John Harrison – révolutionne l’orientation en mer, en permettant le calcul de la longitude. Réglés sur l’heure de Greenwich, ces garde-temps révolutionnaires embarqués à bord étaient ensuite ajustés par l’observation du Soleil et de la Lune.
Les montres astronomiques prospèrent encore aujourd’hui. Lever et coucher du Soleil, phases de Lune, marées, équation du temps: autant de phénomènes et de défis à relever par les plus brillants es-prits. Certaines créations font même des corps célestes des acteurs à part entière.
Chez Van Cleef & Arpels, la Midnight Planetarium reproduit la trajectoire de six planètes autour du Soleil, chacune évoluant à sa vitesse réelle grâce à un module conçu avec Christian van der Klaauw.
Turquoise pour la Terre, serpentine pour Mercure, chloromélanite pour Vénus, jaspe rouge pour Mars, agate bleue pour Jupiter et sugilite pour Saturne. Le ballet de sphères minérales fascine. En 2022, l’automate Planétarium pousse encore plus loin cette approche en associant horloge-rie, mécanique d’art et orfèvrerie. Sur un fond musical, les astres joailliers entrent en mouvement à la demande, tandis que le socle horloger affiche heures, minutes, jours, mois, année et réserve de marche.
*Cet article est issu de notre numéro de printemps 2025. Pour ne manquer aucun numéro, vous pouvez également vous abonner.*