Après une dernière édition limitée par les restrictions sanitaires, les Rencontres d’Arles reprennent du poil de la bête. Du 4 juillet au 25 septembre, nous pourrons déambuler dans la cité arlésienne au gré d’une riche programmation. Avant-garde d’hier et d’aujourd’hui, expérimentations, voyages – cette 53e édition nous rappelle que l’image est toujours un témoignage. CitizenK a épluché le programme et vous livre sa sélection d’expositions à ne pas manquer.
1- Une avant-garde féministe, Photographies et performances des années 1970 de la Collection Verbund.
Après un focus sur les masculinités en 2021, les Rencontres d’Arles se tournent cette année vers l’avant-garde féministe photographique des années 1970 en exposant pour la première fois en France les clichés de la collection viennoise Verbund. D’après Gabriele Schor, directrice de la collection et commissaire de l’exposition, la photographie fut le médium de prédilection des femmes artistes dans les années 70 parce qu’il permettait d’exprimer spontanément leurs idées tout en se démarquant du domaine très masculin de la peinture. À la fois moyen d’expression et d’émancipation, l’objet photographique se passe et se transmet. De Judy Chicago à Ana Mendieta en passant par Valie Export, les travaux présentés révèlent une nouvelle « image de la femme », dénonçant des inégalités structurelles et prônant un féminisme pluriel.
A la Mécanique Générale
2- Bettina. Poème du renouvellement permanent.
Pour la première exposition monographique de l’artiste Bettina Grossman, les Rencontres d’Arles offrent un aperçu inédit de sa vie new-yorkaise dans la salle Henri-Comte. Pour pallier la perte d’une partie de ses œuvres dans un incendie, celle qui se fait appeler sobrement Bettina s’installe au mythique Chelsea Hotel, où elle travaille d’arrache-pied. Elle y rencontre Yto Barrada, qui co-signe le commissariat de l’exposition avec Gregor Huber. Jonglant entre la photographie, la vidéo, le design textile, la peinture et la sculpture, les œuvres de Bettina la révèlent de manière transcendantale.
A la salle Henri-Comte
3- Daniel Jack Lyons, Comme une rivière.
Présenté dans le cadre du Prix Découverte Louis Roederer, le travail du photographe Daniel Jack Lyons emprunte au champ de l’anthropologie sociale. Invité à rejoindre une Maison de la Jeunesse au cœur de la forêt amazonienne au Brésil, l’artiste américain tire le portrait de jeunes personnes queer et trans rencontrées sur place. Souhaitant créer un espace sécurisant, Daniel Jack Lyons laisse carte blanche à ses modèles sur le choix du lieu, des tenues et des poses. Partagée entre tradition et modernité, la jeunesse brésilienne se révèle à travers son objectif non pas comme une entité homogène mais comme une communauté mouvante, qui se construit à partir de ses différences.
A l’Église des Frères Prêcheurs
4- Rahim Fortune, Je ne supporte pas de te voir pleurer.
Également présenté dans le cadre du Prix Découverte Louis Roederer dont le prisme curatorial est la mise en avant du processus pré-photographique, la série de Rahim Fortune illustre son retour au chevet d’un père souffrant. Naviguant à travers le deuil et la brutalité des violences policières, le photographe puise dans sa vulnérabilité et délivre des clichés intimistes. Avec cette série, il lève le voile à la fois sur ses blessures personnelles et sur les fractures sociales et raciales aux Etats-Unis. Dans une démarche à la croisée de la photographie documentaire et de l’œuvre autobiographique, Rahim Fortune tente de redéfinir ce que signifie l’image.
A l’Église des Frères Prêcheurs
5- Lee Miller, Photographe professionnelle (1932-1945).
Loin de pouvoir être réduite à sa qualité de muse de l’artiste Man Ray ainsi qu’à sa proximité avec le courant surréaliste, l’Américaine Lee Miller fait l’objet d’un focus particulier lors de ces 53e Rencontres. Se concentrant sur la période 1932-1945, qui fut la plus intense et productive de la photographe, l’exposition met en lumière les rouages d’une carrière plus que dynamique. À la tête de son propre studio à New York, Lee Miller oscille entre portraits, photographies de mode, publicités et photoreportages.
A l’Espace Van Gogh
6- Mitch Epstein. En Inde, 1978-1989.
Cette année, c’est une photographie de Mitch Epstein qui fait l’affiche des Rencontres d’Arles. En Inde, 1978-1989 retrace en images les nombreux voyages du photographe américain durant cette période dans ce pays où réside la réalisatrice indienne Mira Nair, avec qui il partage sa vie à l’époque. Il appréhende la culture indienne à travers une certaine dualité, de l’extérieur pour son travail, de l’intérieur par sa vie personnelle. L’installation de l’Abbaye de Montmajour souligne cet aspect en faisant dialoguer les tirages de Mitch Epstein avec les films India Cabaret (1985) et Salaam Bombay! (1988) sur lesquels il a collaboré avec Mira Nair. Traduisant la complexité culturelle du pays, où coexistent les castes et les religions, l’exposition dévoile l’Inde pré-numérique.
A l’Abbaye de Montmajour
Retrouvez le programme complet sur le site des Rencontres d’Arles.