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©Design Museum_Alhuwalia

30 ANS DE MODE DÉBRIDÉE LONDONIENNE EN UNE EXPOSITION

Par Pauline Marie Malier

Vous êtes-vous déjà demandés pourquoi Londres avait cette place si particulière au sein de l’industrie de la mode ? Pourquoi Central Saint Martins était considérée, depuis toujours et aux côtés de quelques rares consœurs, comme le Graal des écoles de mode, quand, pourtant, la majorité de ses plus talentueux alumni se devaient de quitter la terre mère pour « réussir » ailleurs ? 

Si ces questions vous intéressent et que vous avez la chance de vous trouver à Londres entre maintenant et le 11 février, allez donc visiter la nouvelle exposition du Design Museum intitulée Rebel : 30 years of London Fashion. Sous le prisme de la NewGen, une politique de soutien à la jeune création mise en place en 1993 par le British Fashion Council, et dont le but était de faire face à la dépression économique dans laquelle étaient embourbés l’Angleterre et ses designers, l’exposition retrace et détaille ce qui fait l’exception de la mode londonienne. Bien avant Instagram, il était difficile pour les designers londoniens de faire connaître leur travail face à des journalistes, acheteurs et éditeurs boudant clairement la capitale anglaise, leur préférant les fastes milanais, parisien et new-yorkais. Un manque d’attractivité paradoxal quand on sait que Londres est pourtant le berceau de nombre de grands noms de la mode tels qu’Alexander McQueen et J.W Anderson. Sortis de Central Saint Martins, ils sont enfants d’une ville à l’émulsion culturelle peu égalée. Sous-cultures, immigration, la mode londonienne, DIY et débrouille se construit sur les revendications politiques fortes et l’esprit de rébellion de sa jeunesse. Partie intégrante d’une culture musicale underground et de scènes queer et féministes, le « rebel against the norm » est ici la norme.  

REBEL: 30 years of London Fashion retrace donc, à travers une déambulation entre les pièces signées, entre autres, par Simone Rocha, Wales Bonner, Supriya Lele, Sinéad O’Dwyer ou encore Bianca Saunders, la force créatrice incontestable de la capitale britannique. À Londres, la mode imprègne la ville et la ville imprègne la mode; les queues des boîtes de nuit branchées des “Southern Boroughs” sont une source d’inspiration pour les talents londoniens, sous couvert d’ouverture d’esprit et de diversité. En 1993, la couleur prend dans les créations le pas sur le noir estampillé punk. Depuis, Londres reste la Fashion Week la plus en avance en termes d’inclusivité et d’originalité et, de loin, la plus critique de l’industrie. Car plus éloignée du système probablement, elle prospère de l’image créée par cette force revendicatrice, mais les jeunes designers, eux, souffrent encore d’un cruel manque de visibilité.

En plus de redécouvrir la vibrante histoire de Londres, l’exposition fait la part belle à l’œuvre d’un McQueen profondément ancré dans les sous-cultures queer londoniennes. Et vous pourrez en plus repartir avec un « zine » encore plus détaillé que l’exposition elle-même. Bref, ça vaut le détour !

Rebel : 30 years of London Fashion, à voir jusqu’au 11 février 2024 au Design Museum de Londres.