×
Colmar

100 ANS D’UN TRAIT

Par Laurent Dombrowicz

Pour célébrer son centenaire sur les pistes de ski et sur le macadam, l’Italienne Colmar a fait appel à l’artiste Joshua Vides.

HISTOIRE

Tout commence en 1923 à Monza dans la banlieue industrielle de Milan lorsque MARio COLombo et son épouse Irma décident d’installer un petit atelier de chapeaux. Le nom COLMAR n’a donc rien à voir avec la ville alsacienne mais est l’acronyme du nom de son fondateur. D’ailleurs la griffe est toujours une affaire de famille puisque ce sont désormais les troisième et quatrième générations qui sont aux commandes. Dans les années 30, Colmar étend ses activités aux vêtements de travail et se spécialise dans la recherche de fonctionnalité. La première collaboration avec le monde du ski réunit la griffe lombarde et l’athlète italien d’origine autrichienne Leo Gasperl. Pour ce recordman de vitesse et précurseur de la technique du ski parallèle, Colmar étudie le Thirring, sorte de manteau en toile qui se gonfle comme les ailes d’une chauve-souris. D’autres inventions voient le jour comme l’Olimpionica, premier anorak en popeline.

TOUT SCHUSS


Au sortir de la guerre et tout au long des trente glorieuses, Colmar accompagne l’extraordinaire engouement pour le ski alpin, d’abord pour les sportifs et les élites, ensuite pour des touristes chaque année plus nombreux en Italie comme dans les autres pays de montagne. L’entreprise noue un partenariat avec l’équipe italienne de ski et plus particulièrement avec le champion Zeno Colo. Afin de rendre la tenue de ski plus aérodynamique et donc plus performante, Irma Colombo a l’idée d’utiliser le tissu élastique de la corsetterie féminine. La Guaina Colo est née, permettant un fit parfait !
Alberto Tomba et Debora Compagnoni, tous les deux Italiens, sont les superstars du ski dans les années 80. Leurs résultats et leur visibilité assurent à Colmar une notoriété grandissante, y compris hors Europe. La veste Bormio et ses manches amovibles, le modèle Tecnologic et son look pop en color block deviennent rapidement des best-seller. Colmar étend bientôt ses partenariats sportifs au-delà de l’équipe italienne et notamment avec la France et le skieur Alexis Pinturault.

EN VILLE

En 2009, Colmar dévoile la ligne Originals, fidèle à son expertise outerwear mais ancrée dans un lifestyle citadin. Car la doudoune se porte désormais en ville, flirte avec la mode créative et se porte 8 mois par an. Giulio Colombo qui préside aujourd’hui Colmar tient au distinguo « Avec nos vêtements de ski, nous cherchons un équilibre 80% performance 20% style. Avec Originals, c’est l’inverse ». Le porté et l’allure, restent très italiens dans un secteur où de nombreuses griffes internationales ont fait leur apparition ou leur retour. Pour animer ces modèles presque basiques, Colmar a souvent fait appel à des artistes créateurs au talent reconnu : le studio pop Van Orton, le très disruptif Shayne Oliver du label Hood by Air et plus récemment Yusuke Aizawa, directeur créatif de la marque culte tokyoïte White Mountaineering.

PAGE BLANCHE


Pour ses cent ans, Colmar s’est offert une collaboration différente, remettant en lumière des pièces iconiques de son vestiaire. Pour l’humeur – et l’humour- contemporains de rigueur, elle a fait appel à l’artiste américain d’origine guatémaltèque Joshua Vides, habitué des rencontres art/mode puisqu’il a déjà signé capsules et produits pour Converse, New Balance et Fendi entre autres. « Quand on fait appel à un designer de mode pour revisiter des basiques, ils modifient des détails, des finitions, des proportions, ce qui est normal puisque c’est leur métier. Mais pour cet anniversaire, un plasticien et Joshua Vides en particulier nous ont semblé être le choix idéal. Il s’agissait, au sens premier du terme, de travailler sur nos pièces iconiques comme sur une page blanche. Le blanc est une couleur importante et fondatrice chez Colmar » complète Giulio Colombo. Pour cette collaboration, Joshua Vides s’est immergé pendant vingt-quatre heures dans le QG de Monza où tous les secteurs de l’entreprise sont réunis, des archives à la production en passant par le prototypage. « C’est le fait d’être indépendants et de maîtriser notre propre outil industriel qui le garant de notre succès. Et qui également permis à Joshua d’intervenir directement sur les pièces, de les tester et de les valider en un temps record ». Avec son trait noir et définitif, issu de sa pratique du graffiti, l’artiste complète d’ailleurs « Oui, pour moi, il s’agissait également d’un engagement physique, presque comme pour une performance. Chaque collaboration est différente mais avec Colmar, cette notion de page blanche et d’essentialité étaient vraiment au cœur des choses. De la démarche comme du résultat ». Ludique, graphique, la doudoune Colmar en reprendra bien pour cent ans !